Voilà que, dans la ville Sainte, résonnera bientôt l’Alléluia de Pâques, avec l’espoir que cette Bonne Nouvelle retentisse aux quatre coins du monde et jusqu’aux confins des cœurs.
Vous entendez cette voix qui revient nous parler d’amour, de paix et d’espérance ? Non ? C’est vrai que même lorsque les cloches sonnent et que les chants s’élèvent pour rendre gloire au Très-Haut, si l’on veut vraiment entrer en relation avec Dieu, il faut savoir aussi faire silence et descendre en soi-même.
C’est que l’amour est une réalité qui se susurre à l’oreille. Quand on le crie sur les toits, c’est pour en aviser les autres, non pour parler à l’être aimé.
C’est donc dans le silence qu’on doit aller à la rencontre du Seigneur. N’est-ce pas dans le silence qu’il est venu nous rencontrer ?
Ainsi, c’est sans faire de bruit que l’Esprit saint couvrit Marie de son ombre au jour de l’Incarnation ; puis, c’est dans le silence de la nuit qu’un enfant pour nous viendra naître ; c’est dans une petite maison, dans un village perdu, dans un pays somme toute sans importance que cet enfant passera la majeure partie de sa vie ; et c’est aussi dans le secret d’une autre nuit que le Seigneur nous invitera à naître à une vie nouvelle.
Dieu ne recherche pas la popularité
C’est loin des regards et sans grands éclats que Dieu accomplit notre salut. Personne avec lui dans la tombe lorsque cela s’est produit. Même les gardes tout près n’ont rien vu, rien entendu. Dieu passe dans nos vies avec discrétion. Et vient changer le sort de l’humanité.
On pourrait lui reprocher de ne pas être doué pour le spectacle. Lui qui est Tout-Puissant, il aurait pu trouver quelque chose de plus éclatant. Mais Dieu ne recherche pas la popularité ; c’est l’union intime qu’il désire, avec chacun d’entre nous. Et agissant comme il l’a fait, il est venu nous en montrer le chemin, tout en respectant notre liberté.
Vous me direz qu’il y a eu le tremblement de terre (cf. Mt 28, 2), que les femmes tremblèrent elles aussi devant l’apparition des anges (cf. Mc 16, 8 ; Lc 24, 5), que les gardes eux-mêmes (cf. Mt 28, 4), ainsi que les apôtres (cf. Lc 24, 37), ont tressailli d’effroi au jour de la Pâque. Comment est-ce que je peux dire que la Résurrection est passée inaperçue ?
En fait, ce que je dis, c’est qu’à l’instant précis où l’humanité a retrouvé sa place auprès de Dieu dans la Résurrection, personne ne s’en est rendu compte. Par la suite, bien sûr, très vite, on en a vu les effets. Des signes sont venus nous montrer que quelque chose avait changé.
C’est un peu la même chose pour nous. Quand on accepte d’aller à la rencontre de Dieu, dans un silence intérieur, qu’on l’entend nous redire : “La paix soit avec vous” dans ces lieux secrets où une partie de nous reste cachée, sans doute par peur, aux yeux du monde, qu’on le laisse nous parler d’amour, non plus à l’oreille, mais bien au creux du cœur, ensuite, on ne peut plus agir de la même façon. On change et le monde change en même temps. Et on en voit les signes autour de nous.
Le connaître par cœur
On aime et on se sait aimé. Et on comprend que c’est à la grandeur des sacrifices qu’on est prêt à faire pour quelqu’un que se mesure l’amour qu’on a pour lui. Ainsi, Dieu nous a prouvé que son amour a pour nous des dimensions d’infini.
C’est ce qu’on célèbre au jour de Pâques, c’est pour cela qu’on entend les cloches et les chants dans nos églises. C’est qu’en ce jour, un peu plus qu’aux autres temps de l’année, on se souvient d’avoir, un jour, entendu comme le prophète Jérémie, cette voix venue nous susurrer : “D’un amour éternel je t’ai aimé” (Jr. 31, 3).
Alors, on comprendra que ce ne sont plus les apparences extérieures qui nous permettront de reconnaître le Seigneur. Son aspect pourra bien changer et même s’il se manifeste à nous sous différentes formes, nous le reconnaîtrons malgré tout, car nous aurons appris à le connaître par cœur.
Ainsi, nous pourrons nous aussi, comme les femmes et les apôtres au jour de la Pâque, témoigner de la vérité de sa Présence. Et si nous reprenons ces mots prononcés jadis : “Il est Vivant, il est Ressuscité !”, ce ne sera plus simplement parce que ce fut écrit ou que des gens nous l’ont dit, mais bien parce que nous aussi, sous différentes formes, nous l’aurons rencontré.
Dernière mise à jour: 07/01/2024 00:09