Le pape François fait du témoignage de la miséricorde une condition de la crédibilité de la mission de l’Église.
Le 8 décembre 2015, le pape François a ouvert la Porte Sainte de l’année jubilaire extraordinaire de la miséricorde.
Il a voulu que cette ouverture coïncide avec le 50e anniversaire de la clôture du Concile Vatican II. La veille de cette clôture, le 7 décembre 1965, par une déclaration commune du pape Paul VI et du patriarche oecuménique Athénagoras, lue en même temps à la basilique Saint- Pierre à Rome et à la cathédrale patriarcale Saint-Georges à Istanbul, les sentences d’excommunication échangées entre une délégation romaine et le synode patriarcal de Constantinople en 1054 étaient “enlevées de la mémoire et de la vie de l’Église”. Dans l’angélus du 6 décembre, le pape François dit : “Il est vraiment providentiel que ce geste historique de réconciliation, qui a créé les conditions pour un nouveau dialogue entre les orthodoxes et les catholiques dans l’amour et dans la vérité, soit rappelé précisément au début du jubilé pour la miséricorde.” Et il explique : “Il n’existe pas de chemin authentique vers l’unité sans demande de pardon à Dieu et entre nous pour le péché de la division.” Miséricorde et recherche de l’unité entre les chrétiens sont inséparables.
L’acte solennel accompli le 7 décembre est à la fois un “geste de justice et de pardon”. C’est un geste de justice d’abord. Nous ne pouvons pas ignorer les faits de l’histoire ni les fautes commises, mais nous devons les réduire à leurs véritables dimensions.
Les excommunications de 1054 ne visaient pas directement les Églises de Rome et de Constantinople, mais les personnes contre lesquelles elles étaient dirigées. Entre-temps ces personnes sont mortes et leurs excommunications se sont éteintes avec elles. Donc, pour nous catholiques, il n’y avait pas de véritable raison pour les lever. Mais au cours des siècles, ces excommunications étaient devenues un symbole de tout ce qui divise orthodoxes et catholiques, un obstacle insurmontable sur le chemin de la rencontre. Il fallait reconnaître la vérité historique. C’est à cette condition seulement que le pardon réciproque et la réconciliation deviennent possibles. C’est un geste de pardon ensuite.
Dans leur déclaration commune, le pape et le patriarche regrettent les paroles offensantes, les reproches sans fondements et les gestes condamnables qui ont eu lieu en 1054, et déplorent les fâcheux précédents et les événements ultérieurs qui ont conduit à la rupture de la communion ecclésiastique qui dure depuis bientôt mille ans. Ils vouent à l’oubli les excommunications pour commencer une nouvelle étape dans les relations entre leurs Églises. Ils expriment l’espoir que ce geste “sera agréé de Dieu, prompt à nous pardonner lorsque nous nous pardonnons les uns les autres”. La purification des mémoires est fruit de la miséricorde de Dieu et permet aux frères de se rencontrer avec des esprits et des coeurs libérés. C’est exactement le message du jubilé de la miséricorde. Dans la bulle pour l’indiction du jubilé, le pape François veut raviver en nous le désir d’accueillir la miséricorde divine et d’en être les témoins.
Il fait du témoignage de la miséricorde une condition de la crédibilité de la mission de l’Église. “La vie de l’Église est authentique et crédible lorsque la miséricorde est l’objet d’une annonce convaincante. Elle sait que sa mission première, surtout à notre époque toute remplie de grandes espérances et de fortes contradictions, est de faire entrer tout un chacun dans le grand mystère de la miséricorde de Dieu, en contemplant le visage du Christ.” La disponibilité à nous réconcilier entre disciples du Christ encore séparés et à nous confier ensemble à la miséricorde de Dieu est une condition fondamentale pour la recherche de l’unité que le Christ a confiée à son Église comme son testament.