Une résolution sur l’esplanade des mosquées portée par sept pays musulmans, envenime les relations entre l’UNESCO et Israël.
(Jérusalem/N.H.) – Une résolution proposée par l’Algérie, l’Egypte, le Liban, la Maroc, Oman, le Qatar et le Soudan, a été adoptée vendredi 16 avril par 33 voix pour, 6 contre, et 17 abstentions. La France, l’Espagne, la Suède, la Russie et la Slovénie étaient parmi les nations qui ont soutenu la résolution, tandis que l’Estonie, l’Allemagne, la Lituanie, les Pays-Bas, le Royaume-Uni et les États-Unis s’y sont opposés.
Tandis que la résolution se positionne sur le présent du site religieux, Israël s’indigne de ce qu’elle ne fasse pas référence au «Mont du Temple», mais seulement à son nom en langue arabe « al-Haram al-Sharif» (le noble sanctuaire) ou la «Mosquée al-Aqsa» (tel que mentionnée dans le Coran). Par ailleurs à plusieurs reprises Israël est qualifiée de « puissance occupante ».
Le fait est que le document ne mâche pas ses mots (version complète en anglais ici).
La résolution « déplore profondément l’échec d’Israël, la puissance occupante, de cesser les fouilles persistantes et travaux à Jérusalem-Est, en particulier dans et autour de la vieille ville. Elle réitère sa demande à Israël, la puissance occupante, d’interdire tous ces travaux en conformité avec ses obligations en vertu des dispositions appropriées de l’UNESCO ses conventions, résolutions et décisions.»
La résolution appelle également Israël à «permettre le rétablissement du statu quo qui a prévalu jusqu’en septembre 2000» et condamne « les agressions israéliennes et les mesures illégales contre la liberté de culte et l’accès des musulmans au site d’Al-Aqsa / Al -Haram Al Sharif.»
En outre, la résolution accuse Israël d’«interdire aux musulmans d’enterrer leurs morts dans certains espaces» et de «planter des fausses pierres tombales juives dans des cimetières musulmans.»
« Il s’agit d’une nouvelle décision absurde de l’Unesco, a réagi samedi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. Elle « ignore le lien historique unique entre le judaïsme et le Mont du Temple», a-t-il ajouté dans un communiqué. « L’ONU est en train de réécrire l’histoire humaine et prouve à nouveau qu’elle est capable d’une bassesse sans limite», a-t-il ajouté.
Le président du parti Yesh Atid, Yair Lapid, a qualifié la décision de l’UNESCO d’une «tache qui souille l’ONU », et a appelé l’organisation à abroger la condamnation.«Cette décision est une tentative inquiétante de réécrire l’histoire et de réécrire la réalité dans le cadre d’une politique d’attaque incessante sur l’Etat d’Israël et le judaïsme», a déclaré Lapid. Il a ensuite ajouté que « L’instrumentalisation haineuse par les Palestiniens de la question du Mont du Temple a déjà couté la vie à des dizaines d’Israéliens. Votre résolution ne va que renforcer cette vague de terreur et conduire à la mort de plus d’innocents. L’UNESCO ne peut pas se soustraire à sa responsabilité.»
Techniquement, le dôme du rocher et la mosquée Al-Aqsa se dressent aujourd’hui sur une esplanade qui a été jusqu’en 135 celle où se dressait avant elle le Temple. Ce temple, incendié par Titus en 70 ap. J.-C. et dont un autre empereur romain, Hadrien, fit table rase en 135 ap. J.-C. était le lieu le plus saint du judaïsme. Selon la foi juive, la Shekhina, la présence de Dieu y repose toujours. Et pour ne plus exister, le Temple est toujours présent au cœur du judaïsme (lire notre article Prière polémique: Pourquoi un juif peut-il désirer prier sur l’esplanade?). Durant la période byzantine, alors que Jérusalem était une ville chrétienne, l’esplanade resta vide pour respecter la parole de Jésus « Vous voyez tout cela? Amen, je vous le dis : il ne restera pas ici pierre sur pierre ; tout sera détruit. » (Mat 24, 2). En 638 le calife musulman Omar s’empara de la ville et en 687 furent commencés les travaux de construction du dôme du Rocher en l’honneur de la place que l’islam attribue à la ville de Jérusalem et à cet endroit précis en particulier qu’il tient pour le 3e lieu saint musulman après La Mecque et Médine.
La Directrice Générale de l’UNESCO, Irina Bokova, a appelé hier lundi au« respect et au dialogue » en ce qui concerne l’enceinte de la mosquée d’Al-Aqsa, vénéré par les musulmans et les juifs. « Jérusalem est une terre sainte des trois religions monothéistes, un lieu de dialogue pour tous les juifs, chrétiens et musulmans, et rien ne devrait être entrepris qui puisse en modifier l’intégrité et l’authenticité », a déclaré Irina Bokova dans un communiqué. « Jérusalem est une mosaïque de cultures et de peuples, dont l’histoire a façonné l’histoire de l’humanité tout entière », a-t-elle ajouté. « Je crois que les États membres ont une responsabilité envers le mandat de l’Unesco, d’avancer dans un esprit qui encourage au dialogue, à la tolérance et à la paix.»