Des milliers d'enseignants palestiniens ont manifesté hier après-midi dans les villes de Cisjordanie, marquant le début d'une troisième semaine de grève. La promesse non satisfaite d'une augmentation salariale de 2,5% en 2013 s’est transformée ces dernières semaines en une répression anti-démocratique contre les fonctionnaires sous-payés de la société palestinienne: les enseignants.
(Jérusalem/N.H.) – Des milliers d’enseignants palestiniens ont manifesté hier après-midi dans les villes de Cisjordanie, marquant le début d’une troisième semaine de grève. La promesse non satisfaite d’une augmentation salariale de 2,5% en 2013 s’est transformée ces dernières semaines en une répression anti-démocratique contre les fonctionnaires sous-payés de la société palestinienne: les enseignants.
Un accord de 2013 entre le syndicat des enseignants palestiniens et l’Autorité palestinienne avait garanti une augmentation salariale non négligeable. Cependant, trois ans après la première grève des enseignants sur les salaires impayés, l’Autorité palestinienne n’a pas encore réalisé son engagement.
Aujourd’hui, plus de 2 000 écoles en Cisjordanie ouvrent leurs portes, les enseignants sont sur leur lieu de travail, mais il n’y a aucune instruction formelle. Le mois dernier, environ 20.000 enseignants palestiniens ont manifesté à Ramallah pour appeler à la mise en œuvre de l’accord de 2013. Les chefs de l’Union des enseignants palestiniens ont présenté leur démission à la fin février après qu’une tentative d’accord avec l’Autorité palestinienne en février 2016 a été largement rejeté par les enseignants.
Ces derniers ont déclaré que les forces de sécurité de l’Autorité palestinienne ont érigé des points de contrôle à travers la Cisjordanie pour empêcher les manifestants d’atteindre les sites de protestation. Les chauffeurs d’autobus et de taxis ont été menacés de voir leur permis révoqué s’ils y transportaient des enseignants. « Nous avons été arrêtés quatre fois sur notre chemin,» confie Jamal Farajallah, directeur de l’école Dier Samat à Hébron. «Je suis parti pour prendre part à un sit-in devant le bureau du gouverneur d’Hébron, et les forces palestiniennes m’ont empêché d’entrer dans la ville», dénonçait un enseignant souhaitant rester anonyme.
Mashhour Batran, enseignant à l’école Mahmoud Darwish, explique qu’une partie du problème est de parvenir à un accord en l’absence d’un représentant des enseignants reconnu par le gouvernement. « Les enseignants réclament une augmentation estimée à 90 euros, a déclaré Batran. Le gouvernement n’est pas prêt à négocier avec la direction des enseignants, parce qu’ils ne veulent pas la légitimer. L’expérience nous a appris que les gouvernements non démocratiques ne font pas attention aux demandes du peuple. Dans de telles circonstances anormales, les enseignants sont les plus faibles. Le gouvernement est capable de monter la communauté locale contre les enseignants. Je suppose que cette grève se brisera, et que les enseignants retourneront au travail sans que leurs demandes ne soient satisfaites « , a-t-il dit.
Les manifestations de masse se sont organisées, en partie, en réponse aux annonces du gouvernement palestinien. Ce dernier menace de prendre des mesures administratives et judiciaires contre les enseignants s’ils ne retournent pas au travail.
Lors de la réunion gouvernementale hebdomadaire, le Premier ministre palestinien Rami Hamdallah a déclaré que le gouvernement avait une « responsabilité » envers les élèves et leur avenir et avait besoin de relancer le dialogue pour résoudre le conflit dans les plus brefs délais.
Un enseignant assistant à une manifestation à Hébron a dit qu’il était en grève parce que son salaire était seulement de 3 900 shekels (920 euros par mois), et ne prend pas en compte ses frais de transport, et cela malgré ses 23 années de carrière. «Je remercie d’avance le premier ministre d’être généreux. Qu’il accorde 4700 shekels (1155 euros) à un employé de 20 ans du ministère de l’Education», a-t-il dit. « Qu’il me donne ce salaire et je reviendrai à mon travail dès demain.»