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A Istanbul l’Etat Islamique massacre des touristes

Giuseppe Caffulli
14 janvier 2016
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La Turquie est encore sous le choc de l'attaque qui avant hier, le 12 janvier, a bouleversé la vieille ville et tué 10 personnes, toutes touristes allemands. Une même nationalité pour la plupart des blessés, une douzaine en tout. La police turque a déclenché une chasse à l'homme et arrêté trois citoyens russes dans la province méridionale d'Antalya, soupçonnés d'avoir des liens avec l'Etat islamique.


La Turquie est encore sous le choc de l’attaque qui avant-hier, le 12 janvier, a bouleversé la vieille ville et tué 10 personnes, toutes touristes allemands. Une même nationalité pour la plupart des blessés, une douzaine en tout. Le gouvernement de Berlin n’a, cependant, aucune preuve que le kamikaze ait eu pour objectif principal de cibler les touristes allemands.

Parmi les actions de la police turque, qui a déclenché une chasse à l’homme dans le but d’arrêter d’éventuels complices, l’arrestation de trois citoyens russes dans la province méridionale d’Antalya, soupçonnés d’avoir des liens avec l’Etat islamique. Les trois, selon des sources turques, auraient fourni un soutien logistique aux kamikazes.

Certains ont vu dans la réaction d’Ankara un nouveau chapitre dans le conflit ouvert avec la Russie, après qu’un avion russe ait été abattu la fin novembre. Mais la nouvelle n’a pas surpris les analystes, étant donné que, si l’on donne crédit aux sources des renseignements, un peu moins de 3.000 fondamentalistes islamiques russes combattent aux côtés de l’Etat islamique entre la Syrie et l’Irak.

En plus de l’arrestation de trois Russes, des dizaines d’autres personnes ont été arrêtées en Turquie y compris quinze Syriens et un turc d’Ankara. Le plus grand nombre d’arrestations (21) a été réalisé à Sanliurfa, près de la frontière avec la Syrie. D’autres dans la zone frontalière de Kilis, dans la province de Mersin, Adana et Diyarbakir.

Dans le même temps, au fil des heures, les informations ont commencé à filtrer sur l’identité de l’agresseur. Il s’agirait de Nabil Fadli, un Syrien né en Arabie Saoudite en 1988, et entré sur le territoire turc il y a quelques semaines en passant par la Syrie. Selon la police turque, le kamikaze aurait même demandé l’asile politique en Turquie la semaine dernière. Selon des informations parues dans la presse turque, son nom ne figure pas sur les listes des personnes recherchées que ce soit en Turquie ou dans d’autres pays.

L’attaque a frappé le cœur d’Istanbul pour des raisons évidentes : elle visait une ressource économique importante, le tourisme. De plus elle implique des ressortissants étrangers dans une ville qui a toujours été un pont entre les cultures et les civilisations, entre l’Est et l’Ouest.

Déjà le mois dernier l’intelligence turc avait émis plusieurs avertissements aux forces de sécurité du pays concernant une éventuelle attaque de l’Etat islamique envers des touristes et les étrangers. Les 17 décembre et 4 janvier, des alertes de possibles attaques contre des cibles touristiques ou des sièges diplomatiques de pays de l’OTAN impliqués dans la guerre contre le califat avaient été émises.

La zone dans laquelle l’attaque a eu lieu (celle de la Mosquée Bleue, Sainte-Sophie) est visitée chaque année par des milliers de touristes étrangers. Non loin se trouve le palais de Topkapi, le palais impérial, et d’autres monuments importants.

L’explosion de la bombe a eu lieu sur la place qui fait face à la Mosquée Bleue sur le site où s’érigeait l’hippodrome byzantin (dont la forme est encore visible dans l’emplacement du centre historique). Nous sommes au nord de la place, qui abrite aussi d’autres monuments, y compris l’obélisque égyptien de Thoutmosis III, et à proximité, la Fontaine de l’empereur, placée là en 1901. Il s’agit d’une sculpture en pierre donnée par le souverain allemand Guillaume II afin de régler un désagrément causé au sultan par le déplacement de l’autel d’Apollon à Pergame (désormais à Berlin).

La fontaine n’est visitée que brièvement par la plupart des groupes de touristes, attirés par de nombreuses autres richesses historiques et artistiques de l’Empire byzantin et ottoman. Sauf pour les Allemands, pour qui cette fontaine est une curiosité liée à leur histoire nationale.

Si le kamikaze de l’État islamique avait vraiment voulu frapper l’Allemagne – certains le prétendent en réaction à la restriction de la politique d’immigration après les récents événements de Cologne – il savait certainement qu’il pouvait facilement les trouver entre l’obélisque et la fontaine de Guillaume II.

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