Le café sauvera le Yémen. Certains le pensent, de nombreux l’espèrent. L'initiative visant à promouvoir le café yéménite comme symbole de paix a été lancé au cours des dernières semaines à Sanaa, en parallèle du récent (mais non encore abouti) processus de paix à Genève œuvrant pour une fin du conflit civil.
Le café sauvera le Yémen. Certains le pensent, de nombreux l’espèrent notamment les Yéménites vivant à l’étranger et les étrangers qui ont vécu au Yémen pendant une longue période et qui aiment ce pays.
L’initiative visant à promouvoir le café yéménite comme symbole de paix a été lancé au cours des dernières semaines à Sanaa, en parallèle du récent (mais non encore abouti) processus de paix à Genève œuvrant pour une fin du conflit civil.
L’initiative s’appelle « Yemen Coffee Break » (Yémen une pause-café) et a impliqué plusieurs cafés de la capitale Yéménite qui y ont adhéré et aussi accepté d’encourager les fabricants et les producteurs. L’Agence pour la promotion du Yémen (SMEPS) a réuni des cafés à Sanaa avec des producteurs de café de Taluq (province de Taiz) et Bara (province de Hodeida), ouvrant la voie à un marché local pour leurs produits. La «pause-café» à Sanaa, avec dégustation et vente de produits locaux, a également été relayée sur Internet par les Yéménites de l’étranger, les chercheurs et amoureux du pays comme de ses traditions. Ils apparaissent sur les réseaux sociaux (Facebook, Twitter, Instagram) avec une tasse de café fumante et un écriteau où figure l’un des trois hashtag suivants : #yemencoffebreak #supportyemen #stopwar.
Le café est l’une des cultures les plus célèbres du Yémen et est étroitement lié à son histoire. Le café yéménite, associé à la ville de Mokha, est connu pour sa haute qualité et son goût exceptionnel. C’est de ce même port de Mokha, au milieu du XVe siècle, que le café a commencé son voyage dans tous les coins du monde. Les mots internationaux « arabica » et « moka » – qui définissent la qualité du café – en sont un témoignage de cette glorieuse tradition. Mokha a été le port de départ d’un café qui bien vite deviendra un bien de consommation international. Pour bien en comprendre l’importance, il faut savoir qu’au XIXème siècle le café yéménite était le produit le plus échangé dans le monde avec 20 milliards de $ de chiffre d’affaires dans le secteur de l’exportation du pays.
Yasmine Al Nazeri, chercheuse auprès de l’Agence allemande pour le développement international (Giz) au Yémen souligne qu’à sa manière, ‘la pause-café’ « apporte un peu d’espoir aux Yéménites, et adresse un message à tous les participants aux pourparlers de Genève afin que soit aussi prise une pause pendant la guerre et que soit trouvée une trêve durable ».
Au-delà de l’impact de l’initiative sur les pourparlers de paix – suspendus le 20 décembre et repoussés au 14 janvier prochain – l’Agence de Promotion a mené une étude exhaustive sur le secteur du café au Yémen et l’a présenté pour l’occasion. A partir de cette recherche, il est possible d’obtenir des suggestions pour des initiatives économiques concrètes et ce parce que le café a déjà été la clé de l’avenir du Yémen lors de la dernière décennie. Il a la capacité de réduire sensiblement le chômage et la pauvreté. Il peut générer des fonds afin d’aider à la reconstruction du pays et rétablir une image positive du Yémen sur la scène internationale.
Selon l’étude, le gouvernement devrait se concentrer sur la production de café afin d’augmenter le produit intérieur brut. Cela inciterait par la même à l’exportation d’autres biens diminuant la pauvreté et la migration économique du pays. Le Fonds monétaire international a signalé que les exportations de produits de base non énergétiques (hydrocarbures) en provenance du Yémen – composés principalement de produits de la pêche et de produits alimentaires tels que le café – constituent actuellement moins de 5 pour cent du total. La fin de la crise actuelle devrait donner une impulsion à aux exportations de café. La création de partenariats publics et privés pour le développement du savoir-faire et des infrastructures mais aussi des systèmes de contrôle de qualité pour l’exportation de précieux café yéménite précieux, pourrait être décisive.
De plus le café yéménite donnerait un coup décisif au marché actuel, du fait des récents investissements en faveur de nombreux projets de développement durable, notamment l’identification et le développement de grains de café résistants à la sécheresse et qui maintiennent un profil de saveur de haute qualité. Les Yéménites possèdent une grande expérience dans ce domaine car habitués depuis des décennies à cultiver le café avec une alimentation réduite en eau.
Aujourd’hui, les revenus de milliers de familles au Yémen dépendent de la culture du café : un million de personnes travaillent dans ce secteur. En 2012, le gouvernement yéménite a annoncé un plan visant à faire passer la production à 50.000 tonnes en cinq ans, mais les conflits successifs ont laissé les ambitions en suspens, au contraire la production de « qat », un arbuste aux propriétés stimulantes et hallucinogènes, est en train de se développer et génère des bénéfices plus consistants et rapides sur le marché local.