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Faire la fête ou pas à Jérusalem pour Noël ?

Terresainte.net
15 décembre 2015
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Quoi de plus magique que le temps de Noël à Jérusalem ? Même Enrico Macias en a fait une chanson. Cette année, les décorations sont bien là, mais la magie s’est envolée. Reportage.


(Jérusalem/TD) – Guirlandes clignotantes, sapins (en plastique), pères Noël gonflables, cloches, étoiles scintillantes… la nuit tombée, la vieille ville de Jérusalem se pare d’innombrables décorations lumineuses. Pourtant, les rues du quartier chrétien sont calmes, trop calmes. Quelque chose cloche.

“Joe’’, un jeune chrétien de bonne carrure, pull multicolore et petites lunettes rondes, travaille pour l’organisation des festivités du 18 décembre. C’est à cette date qu’aura lieu la traditionnelle illumination du sapin géant de Jérusalem, accompagnée de son feu d’artifice. “Triste”, c’est le premier mot qui lui vient à l’esprit à propos des fêtes de Noël cette année.

Mais en ce qui concerne la modération des fêtes de Noël à cause de la situation politique, il est contre. À Bethléem, le feu d’artifice et d’autres festivités au début du mois avaient été annulées. C’est une “très mauvaise chose” commente-t-il. “Il faut que nous gardions notre identité chrétienne […] c’est de la résistance”.

À l’évocation d’une potentielle manifestation de juifs extrémistes à l’occasion de l’illumination (voir Un Noël endeuillé, tendu et délaissé par les pèlerins), il reste imperturbable. “Nous les attendons” lâche-t-il. “Ils ne nous arrêteront jamais”.

Toutefois, il positive : “Heureusement, nous sommes satisfaits que toutes les Églises soient rassemblées pour Noël, […] nous allons faire une grande fête”. “L’amour est plus fort que la guerre” conclut-il.

À l’heure où nous publions cet article, l’incertitude plane toujours quant au maintien des feux d’artifice, le 18 décembre. À cause de pressions, du côté israélien comme du côté palestinien.

De l’autre côté du quartier chrétien, un marchand d’accessoires de Noël guette les chalands depuis le fond de sa boutique. Toutes sortes d’objets s’empilent dans chaque recoin du magasin : du mug à la guirlande, en passant par le renne automate ou le sapin en plastique dans toutes ses déclinaisons. Samir, 60 ans, 30 ans de vente de décorations de Noël, confie être contre les feux d’artifices, mais pas pour des raisons politiques : “C’est dangereux, ce sont des jeunes qui font ça, sans permis, sans formation”. Le magasin, spécialisé dans les décorations de Noël, n’ouvre que l’hiver. Pour Samir, la situation est “très fatigante” : “Il n’y a pas de sécurité, pas de travail, pas d’argent”. Il affirme vendre “beaucoup moins que l’année dernière” parce que “les gens ne dépensent plus pour des décorations de Noël”. “Ça empire d’année en année” finit-il par lâcher.

D’autres personnes, au fil des rencontres, s’exclament “C’est dommage, c’est une fête pour les enfants, pourquoi devraient-ils subir des décisions politiques ?” ou bien “Les chrétiens sont toujours pris en tenaille dans le conflit” ou encore “La situation est triste, mais qu’est-ce qu’on peut faire ? Partir ? Immigrer ?”.

L’année dernière, des portraits d’Arafat et d’Abbas avaient été brandis lors de l’illumination du sapin de Jérusalem. Encore une occasion de se rappeler qu’en Terre Sainte, tout est politique, même Noël, la fête d’une minorité chrétienne qui constitue moins de 2% de la population.

L’illumination du 18 décembre aura lieu à 17h30 à la Porte Neuve.

 

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