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Le Grand Moufti dans la revue La Terre Sainte entre 1921 et 1938

Terresainte.net
10 novembre 2015
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Face à l’actualité récente, Terre Sainte Magazine a cherché à en savoir plus sur la personnalité de l’ancien Grand Moufti de Jérusalem avant sa célèbre rencontre avec Hitler en novembre 1941. En fouillant les archives de La Terre Sainte - nom d’origine du magazine en langue française Terre Sainte Magazine - nous avons retrouvé de nombreux articles relatant les péripéties de ce personnage controversé. Voici donc le portrait du Grand Moufti Mohammed Amin al-Hussein tel qu'il se dessine dans la rubrique « Nouvelles de Palestine » rédigée par les franciscains entre 1921 et 1938.


(Jérusalem/TD) – Face à l’actualité récente, Terre Sainte Magazine a cherché à en savoir plus sur la personnalité de l’ancien Grand Moufti de Jérusalem avant sa célèbre rencontre avec Hitler en novembre 1941. En fouillant les archives de La Terre Sainte – nom d’origine du magazine en langue française Terre Sainte Magazine – nous avons retrouvé de nombreux articles relatant les péripéties de ce personnage controversé. Voici donc le portrait du Grand Moufti Mohammed Amin al-Hussein tel qu’il se dessine dans la rubrique « Nouvelles de Palestine » rédigée par les franciscains entre 1921 et 1938.

Il a fallu dépoussiérer près de 20 ans d’archives et éplucher des centaines de pages pour retrouver l’ensemble des chroniques dans lesquelles le Moufti fut mentionné, de 1921 à 1940, date à laquelle la publication mensuelle de La Terre Sainte fut momentanément interrompue pour cause de guerre mondiale.

Quelques clés de lecture :

– Ce sont des frères franciscains qui écrivent ces chroniques, et elles ne représentent qu’une double page ou moins dans un magazine d’une vingtaine de pages, les autres étant consacrées à des articles plus religieux.

– Les chroniques sont restituées telles quelles, sans retouche, à l’exception des fautes de frappe évidentes. On peut déceler quelques petites incohérences, mais elles permettent de comprendre le flou entretenu parfois autour du personnage, si ce n’est la variété des perceptions que les franciscains peuvent eux-mêmes en avoir.

– La date mentionnée au-dessus de chaque chronique n’est pas la date de l’évènement rapporté, mais celle de la parution du magazine dans lequel figure la chronique.

– La “Mosquée d’Omar” mentionnée à plusieurs reprises, est en fait un autre nom utilisé à l’époque pour parler du Dôme du Rocher.

– De 1920 à 1948 la Palestine est sous mandat Britannique

Ces chroniques permettent de voir la lente mais progressive politisation du Grand Moufti, nommé en 1921, mais qui ne suscite l’attention des frères franciscains pour la première fois qu’en janvier 1926. Il montre sa radicalisation à partir de 1935, et finit par prendre la fuite en 1937.

 

Janvier 1926

L’exposition héraldique musulmane fut inaugurée par Son Exc. le feld-maréchal Plumer, Haut-commissaire, accompagné du grand Moufti dans les locaux du Département des Antiquités. L’initiative de cette œuvre pleine d’intérêts revient à M. le Dr. L. A. Mayer, le savant passionné pour tout ce qui touche à l’Islam.

 

Février 1926

Le Conseil suprême musulman en Palestine n’a pas encore terminé ses élections. À Jérusalem et dans les grands centres, elles ont été cause de troubles plus ou moins sérieux. Diverses élections ont été annulés; le résultat définitif ne sera connu que dans quelques semaines. Il faut dire qu’il n’y a que quatre sièges à pourvoir, la présidence revenant de droit au grand Moufti.  

 

Mars 1928

Autour du tombeau des Patriarches à Hébron. – Par ordre du Suprême conseil Musulman de Palestine, la mosquée d’Hébron est désormais ouverte aux chrétiens et aux juifs. L’innovation n’a jamais eu de précédents depuis la conquête de la Terre Sainte par les Musulmans. On considère cette mosquée non seulement comme étant la sépulture d’Abraham, mais aussi d’Isaac, de Jacob, de Sara, de Léa et de Rébecca. De là son nom de tombeau des Patriarches.

 

Août 1928

Guides – Depuis toujours les Musulmans interdisent absolument aux juifs l’entrée dans la Mosquée d’Omar et d’Hébron. Ces temps derniers quelques drogmans Juifs sollicitèrent du Moufti de Jérusalem, la permission conduire les étrangers dans ces deux sanctuaires de l’Islam. Comme il fallait s’y attendre, la réponse fut négative.

 

Note chronologique : Massacre de Juifs à Hébron le 24 août 1929


Octobre 1929

Le Foyer National Juif en Palestine. – (service spécial Al Ahram) Paris 21 septembre – Le “Journal” publie, sur le conflit des races en Palestine, un article de M. Weizmann, président de l’Organisation Sioniste Universelle, et un article du Moufti de Jérusalem.

Tous deux déclarent désirer le retour à la paix, mais malgré son désir de conciliation, M. Weizmann insiste pour réaliser toutes les conditions propres à faciliter l’établissement d’un foyer national israélite et prendre les mesures immédiates pour faciliter l’immigration juive sur une échelle aussi vaste que possible, déclarant que l’établissement d’un foyer national juif n’implique rien qui doive causer l’appréhension des Arabes. 

El Hussein (le Moufti) demande que soit abandonnée la politique tendant à l’établissement du foyer national juif en Palestine et le remplacement de la Déclaration Balfour par une disposition administrative sans distinction de races ou de croyances. Il demande aussi que l’immigration soit réglementée par une loi votée par un gouvernement démocratique au sein duquel seraient représentés tous les habitants de la Palestine Musulmans, Chrétiens et Juifs, proportionnellement à leur nombre.

La loi d’immigration devrait être basée sur la capacité de production et de bien-être social du pays.

 

Novembre 1929

Le chef du conseil suprême musulman s’adresse au roi George. – Jérusalem, 12 octobre. – Sayed Amine El-Husseini, chef du conseil supérieur musulman a envoyé, par l’intermédiaire du Haut-commissaire, une dépêche à Sa Majesté le Roi George, dans laquelle il lui rappelle sa dépêche d’il y a un an, concernant la garde des lieux saints, et il lui demande de traiter les musulmans comme le Calife Omar traitait les chrétiens.

Enfin, il demande à Sa Majesté au nom des millions de musulmans, le triomphe de la justice et de l’équité.

Sayed Amine El-Husseini a envoyé des dépêches, dans le même sens à la S. D. N. et au ministre des colonies à Londres.

 

Novembre 1929

La Société des Nations demande le statu quo. – Jérusalem, 15 octobre. – El Sayed Amine El Husseini, président du Conseil supérieur musulman, a reçu une copie des décisions prises par la S. D. N. au sujet du Mur des Lamentations.

Le résumé de ces décisions consiste à demander à la puissance mandataire de maintenir dans le calme, le statu quo.

 

Février 1931

La dépouille de Mohammed Ali, chef Musulman Hindou. – Mohammed Ali avait avant sa mort, exprimé le désir d’être enterré dans la fameuse mosquée d’Omar à Jérusalem. Le grand Moufti répondit que les Musulmans de Jérusalem en seraient très honorés. Aussi, le 23 Janvier, le cercueil du leader musulman des Indes traversait les rues de la Sainte Cité, au milieu des musulmans, non seulement de Jérusalem mais encore de toute la région et était transporté à la Mosquée d’Omar, pour y être enseveli.

Le prince musulman son frère, et le Grand Moufti de Jérusalem, conduisaient le deuil. Cette manifestation avait pour but de consolider l’amitié de l’Inde Musulmane avec la Palestine.

 

Mars 1931

Une lettre, pour le moins fort étrange, publiée le journal “Falestin” (17 janvier 1931) et, adressée par le Grand Rabbin de Roumanie au Moufti de Jérusalem :

                               Monsieur

                Au nom de l’Éternel, le soussigné Abraham Rosenbach a l’honneur de vous avertir, que le Roi David acheta, par un contrat très en règle, la colline du Moriah de Jérusalem d’un nommé Ornon habitant cette même cité. Le contrat de vente se trouve au secrétariat du Gouvernorat de Jérusalem, au No. 487/28. Toujours au nom de l’Éternel, je vous serai bien reconnaissant de persuader les Arabes musulmans d’abandonner la Sainte Colline, afin que les fils d’Aaron, prêtres du Seigneur, puissent y célébrer de nouveau les divins offices en l’honneur de Jéovah. Faites encore savoir aux Arabes musulmans, que tous les peuples se préparent à accourir de nouveau au temple du Seigneur reconstruit. De plus, au moyen de la Radio, la bénédiction des prêtres de Jéovah sera diffusée dans le monde tout entier. Si les musulmans consentent au désir de l’Éternel, et abandonnent la Sainte Colline, les Juifs les en constitueront volontiers les premiers gardiens, et se garderont bien d’abuser des malédictions contenues dans le psaume XXIV.

                                                                                                                                             Abraham Rosenbach


Juillet 1931

Toujours le Mur des Pleurs. – Le Moufti de Jérusalem a déclaré dans un interview avec “Reuter”, au sujet de la décision de la commission d’El Barrak (mur des pleurs), que le conseil supérieur Islamique, élaborera une note détaillée, exposant son point de vue. Quoi qu’il en soit, a-t-il ajouté, devant les réserves expresses formulées par le parti islamique devant la commission, nous ne pouvons que laisser la solution des conflits entre les mains du monde islamique entier, le seul, qui puisse en juger souverainement. D’autant plus, que l’affaire touche un lieu islamique sacré, se rattachant à des intérêts religieux, dont l’importance n’est pas à dédaigner.

Le conseil de Jérusalem ne peut donc pas prendre la responsabilité d’en décider seul.

 

Septembre 1931

Une Mission Universitaire Canadienne visite le grand Moufti. – Jaffa. – Un groupe de professeurs des Universités canadiennes a visité le Grand Moufti et Président du Conseil Supérieur islamique, et l’a interrogé sur la question palestinienne.

 

Novembre 1931

Autour du Congrès musulman de Jérusalem. – Il y a quelques semaines, le grand Moufti de Jérusalem, El Hag Amine el Husseini convoquait à Jérusalem pour le 7 décembre un congrès général islamique.

Dans une interview accordée à l’Haram, le Grand Moufti a déclaré que le but du congrès était de rechercher les moyens de sauvegarder les Lieux Saints musulmans et d’examiner diverses questions religieuses.

Il a ensuite démenti la nouvelle suivant laquelle le congrès avait été convoqué pour étudier la question du Califat et la nomination de l’ex-sultan Abdel Maguid à ce poste.

L’“Ahram” apprend d’autre part que l’invitation a été lancée en Égypte aux associations de la Jeunesse musulmane, aux autorités religieuses officielles, à plusieurs personnalités qui avaient occupé des fonctions religieuses, à des hommes politiques et à d’anciens ministres.

L’invitation a été également lancée à des personnalités du Maroc, de l’Algérie, de la Tunisie, de la Tripolitaine, de la Syrie, de l’Irak, du Hegiaz, du Nejd, du Yémen, de la Perse et d’autres pays ayant des populations musulmanes.

 

Mars 1933

Appel aux Princes arabes. – On annonce le départ prochain du grand Moufti de Jérusalem. Accompagné de trois sheiks, il a l’intention de se rendre aux Indes, dans le but de recueillir de l’argent pour la fondation de l’université de l’Aksa, décidée au cours du congrès international de 1931. Mussa Karim Pacha, président du comité exécutif des arabes de la Palestine exposera aux princes, ainsi qu’aux personnalités les plus marquantes du monde musulman, les statuts de l’association en vue de la récupération de terres tombées entre les mains des sionistes et, fournira un rapport sur la situation faite aux arabes par l’existence du Foyer national juif.  

 

Décembre 1933

Retour du Grand Moufti. – Le Grand Moufti est retourné à Jérusalem après avoir visité plusieurs mois durant, les principaux centres musulmans des Indes, de Perse et d’Irak. Il a été très solennellement reçu. Avant de congédier la foule qui était venue au devant de lui à Gethsémani et qui l’avait accompagné jusqu’à la Mosquée d’Omar, il lui a adressé un vibrant discours patriotique au cours duquel il a fait l’éloge de la conduite des arabes pendant les derniers troubles.

Si nous en croyons les journaux arabes, aux cours de son voyage, le Grand Moufti aurait recueilli un million de livres qui seront employées à l’achat des propriétés en danger de tomber entre les mains des Juifs. Les propriétés seraient constituées en biens Wakfs dont les revenus doivent être affectés à l’Université musulmane à créer à Jérusalem.

 

Février 1934

À propos de la propagande communiste en Palestine. – La feuille musulmane “Al Giammia el Islamia”, porte parole du Grand Moufti de Jérusalem, dénonce, une fois de plus le péril de la propagande communiste dans le Proche Orient et dont le quartier général se trouve précisément en Palestine.

“La Puissance Mandataire, écrit le journal, a essayé à diverses reprises d’extirper la plaie du bolchévisme qui commence à menacer l’influence anglaise en Orient, mais tous ses efforts se sont heurtés contre le Sionisme et, les institutions juives.” Ces israélites sont vraiment la cause de tous les maux !

 

Avril 1934

Le Grand Moufti de Jérusalem parle – Interviewé sur les affaires de Palestine, le Grand Moufti de Jérusalem a dit entre autres choses : “La conduite des dirigeants anglais m’étonne beaucoup. On dirait qu’ils font plus de cas de l’amitié de cinq millions de juifs que de celle de cent millions de musulmans qui font partie de son empire colonial. Cette politique ne peut que diminuer le prestige de l’Angleterre parmi les peuples d’Orient, qui ne sont pas loin de croire qu’une Puissance qui se laisse dominer par une poignée de financiers juifs ne saurait jamais veiller efficacement sur leurs destinées”.

 

Septembre 1934

Le journal “al Djamia al Arabia”, organe du Grand Moufti de Jérsualem, vient d’être suspendu pour un mois à la suite d’articles subversifs qu’il a publiés.

 

Février 1935

Le Grand Moufti de Jérusalem et le Prix Nobel. – Un journal hebdomadaire palestinien s’étonne beaucoup que le Comité du prix Nobel pour la paix n’ait pas tenu compte des mérites du Grand Moufti de Jérusalem. Son intervention dans les affaires de la Péninsule arabique en effet a non seulement réussi à empêcher une effusion de sang entre les soldats du Yémen et ceux du Hedjaz, déjà sur le champ de bataille et prêts à en venir aux mains, mais encore à préparer un traité d’amitié entre les deux puissances ennemies. Le même journal ajoute que le succès de la Délégation musulmane qui a arrêté dès le début la guerre entre Ibn Séoud et Yéhia, guerre qui serait devenue générale parmi les diverses tribus de la Péninsule arabique, constitue très certainement un évènement sans pareil dans l’histoire des nations. Pas moins que cela !

 

Mars 1935

Une excommunication retentissante. – Le Grand Moufti de Jérusalem a convoqué tout dernièrement les ulémas de toute la Palestine en un congrès extraordinaire qui s’est réuni dans les salons de l’école “Raudat-al-Maaref” près de la mosquée d’Omar, afin d’étudier les mesures canoniques à prendre à l’encontre des arabes musulmans qui vendent leurs terres aux juifs. Les décisions de cette vénérable assemblée ont été communiquées aux fidèles à l’occasion de la prière du vendredi à la mosquée El Aksa, décisions qui se  résument dans une sorte de censure qui atteint tous les vendeurs et leurs intermédiaires. Par conséquent tous ceux qui auront encouru cette excommunication seront privés à leur mort des honneurs funèbres et leur corps ne pourra pas être enseveli dans l’enceinte des cimetières musulmans.

 

Mars 1936

Le Congrès des Ulémas. – La presse arabe publie de nombreux résumés du discours prononcé par le Grand Moufti de Jérusalem au congrès des Ulémas palestiniens, qui s’est tenu dans les locaux du collège “Raudat a Maaref”. Le chef de l’Islam de Terre Sainte a insisté par dessus tout afin que les prédicateurs des mosquées recommandent aux fidèles musulmans d’aimer la terre, de se marier jeunes, de boycotter les écoles étrangères et de pratiquer leur religion.

 

Avril 1936

Médaille d’or pour le Moufti. M. Amin eff. Housseini, Moufti de Jérusalem, a reçu de la Ligue musulmane de Bombay la médaille d’or “pour services rendus à la cause de l’Islam”.

 

Note chronologique : début de la Grande Révolte arabe (octobre 1936 – mars 1939) en Palestine mandataire


Décembre 1936

Une demande au Moufti. – Les mouktars du village arabe de Teiba, dans le district de Toul Karem, ont demandé au Moufti de Jérusalem d’accueillir les enfants des victimes arabes de leur arrondissement à l’orphelinat du Conseil Suprême musulman, comme il est d’usage de le faire pour les enfants des saints et des martyrs.

 

Février 1937

Les juifs et les Lieux Saints. – La presse sioniste vient de protester énergiquement contre les déclarations faites par le Grand Moufti de Jérusalem, d’après lesquelles les juifs viseraient à s’emparer de l’esplanade sur laquelle s’élèvent la mosquée d’Omar et celle d’El Aksa, pour reconstruire à leur place le temple de Salomon.

 

Juin 1937

Attentat contre le Moufti. – La nouvelle d’un prétendu attentat contre le Moufti de Jérusalem, qui aurait été préparé par un groupe de juifs, a causé une certaine émotion dans la population arabe de la Palestine. Or, les recherches faites par la police, ont conclu que cette nouvelle était basée sur une interprétation erronée d’un innocent fait divers.

 

Août 1937

Campagne contre le Moufti de Jérusalem. – Depuis quelque temps, la presse britannique avec le “Times” de Londres en tête, est entrée en lice pour soutenir la presse juive dans ses attaques contre l’activité politique du Moufti de Jérusalem. Mais les éléments indigènes de Palestine ne cachent pas leur indignation contre cette manoeuvre qui tend à discréditer aux yeux du public la figure et l’autorité du chef de leurs revendications nationales.

 

Septembre 1937

Le Grand Moufti de Jérusalem. – D’après les bruits qui circulent dans les milieux arabes, il faudrait attribuer la retraite du Mofti dans l’enceinte de la Mosquée d’El Aksa à l’attentat dont il fut victime il y a près de deux mois et dont il est sorti indemne. Il aurait jugé prudent de ne pas s’exposer à de nouvelles attaques de ce genre afin que ses coreligionnaires ne soient pas tentés d’user de représailles et d’aggraver ainsi la situation déjà si pénible dans laquelle se trouve la Palestine.

 

Octobre 1937

Arrestation des membres du Comité Suprême arabe. – Un véritable coup de théâtre a marqué la matinée du 30 septembre. Les membres du Comité Suprême Arabe ont été arrêtés comme moralement responsables des meurtres qui ont été commis en Palestine ces temps deniers.

Le Conseil Suprême Musulman a été fondé par décret le 20 décembre 1921. Il était composé d’un président et de quatre membres et était chargé de l’administration des biens religieux et des tribunaux musulmans. Le budget ordinaire qu’il soumettait annuellement au Gouvernement s’élevait à 50 ou 60 000 livres. Ses revenus proviennent principalement des domaines religieux et des taxes et frais de justice. Outres les mosquées, le Conseil Suprême entretient un orphelinat, une école professionnelle et des écoles en divers endroits de la Palestine. C’est encore à lui qu’incombe le soin de distribuer les aumônes.

Malheureusement il joue aussi un rôle politique, et c’est ce qu’il l’a perdu. De fait, le Conseil Suprême considère comme son devoir de défendre la majorité musulmane en Palestine et de lutter contre le sionisme afin de conserver au pays son caractère essentiellement musulman. C’est ce même Comité qui organisa l’année dernière la grève générale, qui créa de nombreux sous-comités, dits “nationaux” dans différentes localités du territoire et qui participa activement à l’organisation de la résistance armée. Nous connaissons les actes de terrorisme qui furent perpétrés pendant cette grève.

Le moufti n’a pas été arrêté, mais il a été destitué à la fois et de président du Conseil Suprême et de celle d’administrateur en chef des biens religieux. Les autres membres du Comité ont été déportés aux Iles Seychelles. Tout le monde pousse un soupir de soulagement.

 

Novembre 1937

La fuite du Moufti. – Le Moufti a préféré laisser la Palestine pour fuir à Beyrouth sans crier gare ! Comment s’y est-il pris? Il est difficile de le savoir, car on raconte à ce sujet bien des choses plus ou moins invraisemblables.

 

Décembre 1938

Les arabes et le Moufti. – Bien que renouvelé, l’année dernière par le Haut Commissaire britannique de Jérusalem, par de nouveaux membres reconnus suffisamment fidèles et pacifiques, le Conseil Suprême musulman n’a pas hésité à se faire l’interprète de ses coreligionnaires et à prendre ouvertement et publiquement position au sujet de la Conférence de Londres, déclarant officiellement que personne n’est autorisé à parler au nom des indigènes de la Palestine en dehors de Hag Amine El Housseini, grand Moufti de Jérusalem, destitué, qui se trouve depuis un an, au Liban comme réfugié politique.

 

Décembre 1938

Mémorandum de Fakri Nashashibi. – Le mémorandum envoyé par Fakri Bey Nashashibi au Haut Commissaire britannique pour contester au Grand Moufti le droit de parler au nom de ses coreligionnaires palestiniens, a été immédiatement condamné par toutes les organisations patriotiques de la Défense Nationale dont il avait été le secrétaire. Son geste est considéré comme un acte de trahison envers la Patrie par un ordre du jour émané du commandant suprême des forces insurgés et affiché dans la mosquée d’El Aksa de Jérusalem.

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