"Alep c'est pour moi la vie". Malgré les combats, les pénuries d'eau et le manque de la lumière, le son creux des grenades auquel on ne s'habitue pas, Antoinette Bahar, 39 ans, ne regrette pas son choix d'être retournée en Syrie en 2014, parcourant en sens contraire le long trajet que des centaines de milliers de ses compatriotes arpentent dans leur fuite vers l'Europe.
« Alep c’est pour moi la vie« . Malgré les combats, les pénuries d’eau et le manque de la lumière, le son creux des grenades auquel on ne s’habitue pas, Antoinette Bahar, 39 ans, ne regrette pas son choix d’être retournée en Syrie en 2014, parcourant en sens contraire le long trajet que des centaines de milliers de ses compatriotes arpentent dans leur fuite vers l’Europe.
Cette femme, qui travaille actuellement en tant que bibliothécaire dans la ville contestée par les forces loyalistes et les insurgés islamistes, a raconté à Terrasanta.net son histoire. Née au Venezuela de parents syriens, c’est à l’âge de sept ans qu’elle est revenue à Alep où elle a grandi, étudié et travaillé jusqu’en 2013. Lorsque la guerre éclate, sa famille décide de se réfugier au Venezuela, mais après moins d’un an la nostalgie prévaut et Antoinette et ses proches entament un nouveau voyage: celui du retour au point de départ, la Syrie. « Je suis revenue ici parce qu’il a tout ce que j’aime et que je ne pouvais trouver cela dans aucun autre endroit. Il y a mes amis, mes souvenirs, mon travail « .
Bien sûr, Antoinette l’admet, en cinq ans de conflit beaucoup de choses ont changé. La jeune femme enseignait le matin dans une école. Maintenant, il ne lui reste plus que le travail de bibliothécaire l’après-midi et, bien que cela puisse sembler incroyable, malgré la guerre, il y a encore des gens intéressés par la lecture et la bibliothèque est loin d’être déserte. « Cela me fait plaisir de passer des heures avec les gens, avec les enfants, au milieu des livres, c’est une expérience qui m’a enrichie et qui continue d’enrichir ma vie. Elle raconte qu’une fois dans la région il y a eut un attentat; « J’étais terrifiée. On entendait les détonations des roquettes, les cris des blessés, et beaucoup de gens sont morts sur la route. Quand cette pluie de bombes s’est arrêtée, à la porte de la bibliothèque un homme est apparu avec son fils. Il voulait inscrire l’enfant à la bibliothèque. Il était convaincu que la guerre prendrait fin. Cela m’a ému, car en dépit de la terreur et de la mort, cet homme voulait transmettre l’espoir et la confiance« .
En général, cependant – reconnait Antoinette – « la guerre a fait ressortir le plus mauvais visage de nombreuses personnes. Il faudra beaucoup de temps et d’efforts pour qu’en Syrie se reconstitue une société saine. Indépendamment de la religion ou du positionnement politique, nous avons tous perdu au niveau matériel, humain, moral ou émotionnel ». Cependant, Antoinette est convaincu que tout cela prendra fin et qu’Alep sera « plus belle et plus colorée que jamais« . « Ses gens ont montré qu’ils méritaient de vivre. La ville n’est pas morte, elle est juste très malade, mais se relèvera plus force parce qu’elle aime la vie« .
En attendant, la bibliothécaire a décidé de passer Noël dans la ville, contrairement aux années précédentes où elle allait passer les vacances avec ses parents dans des zones plus sûres. « Je les ai déjà prévenus que je resterai à Alep et préparerai l’arbre dans la maison de famille d’où nous avons été déplacés, car elle se trouve en étage supérieur et elle a été touchée par une roquette. Peut-être que l’appartement ne sera pas aussi commode et confortable qu’à l’époque où nous l’occupions avant la guerre, et peut-être que je vais me retrouver seule, mais pour moi ce sera une joie d’y retourner. Je suis déterminée à célébrer un Noël différent, un Noël d’espoir « .