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Père Dhiya et ses frères: qui sont les religieux qui ont été enlevés en Syrie ?

Carlo Giorgi
9 juillet 2015
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Nous sommes encore sans nouvelle du frère Dhiya Azziz, frère de la Custodie de Terre Sainte enlevé samedi 4 juillet à Yacoubieh, dans la vallée de l'Oronte, en Syrie. En le comptant, ce sont aujourd'hui otages sept religieux qui ont été enlevés pendant le conflit syrien. Nous ne les oublions pas, voici leurs histoires.


Nous sommes encore sans nouvelle du frère Dhiya Azziz, frère de la Custodie de Terre Sainte enlevé samedi 4 juillet à Yacoubieh, dans la vallée de l’Oronte, en Syrie. En le comptant, ce sont aujourd’hui otages sept religieux qui ont été enlevés pendant le conflit syrien. Les premiers, par ordre chronologique, furent deux jeunes prêtres d’Alep: le père Michel Kayyal, arménien catholique, et le père Maher Mahfouz, grec-orthodoxe, enlevés il y a deux ans et demi, le 9 février 2013. Ils furent enlevés alors qu’ils voyageaient sur une ligne de bus comme nombre de gens ordinaires. Avec eux se trouvait aussi un troisième prêtre. Ils se rendaient au sud-ouest d’Alep à l’Institut salésien de la ville de Kafrun. Cependant, à une cinquantaine de kilomètres en d’Alep, le bus s’est arrêté à un checkpoint tenus par des miliciens. Les rebelles, remarquant l’habit ecclésiastique des deux prêtres les firent descendre de l’autobus  et les emmenèrent. Le troisième prêtre, habillé en civil, n’a pas été enlevé et s’est ainsi sauvé. Après une demande de rançon initiale, nous ne savons plus rien des deux prêtres.

Quelques semaines après, ce sont deux évêques qui se retrouvaient dans le filet du réseau milicien. En effet, le 23 avril 2013, furent enlevés l’archevêque syriaque orthodoxe métropolite d’Alep Mgr. Gregorius Hanna Ibrahim et l’archevêque grec orthodoxe d’Alep, Mgr. Boulos al-Yazigi. Selon certaines sources, l’évêque Boulos se trouvait dans un village près de la frontière avec la Turquie où il était allé visiter des fidèles et apaiser les esprits agités par le conflit. Mgr Youhanna l’avait rejoint avec leur voiture, conduite par un diacre, son assistant. Pendant le voyage retour et alors qu’ils s’apprêtaient à rejoindre Alep, leur voiture a été arrêtée par un groupe armé qui les a tous fait descendre pour exécuter le conducteur et enlever les deux évêques.

Deux mois plus tard, le 29 juillet 2013, c’est le père Paolo Dall’Oglio, un jésuite italien au service de l’Église catholique syriaque et fondateur du monastère de Mar Moussa, qui était enlevé. Père Paolo vivait en Syrie depuis trois décennies et a toujours lutté pour plus de dialogue entre chrétiens et musulmans et plus de justice dans le pays. S’il était aimé de beaucoup, notamment en raison de son engagement, il s’est révélé être une personne « peu acceptable » pour nombre d’entre autres en Syrie. En juillet 2013, il se trouvait à Raqqa, ville syrienne régit par les fondamentalistes de l’État islamique. Il désirait parler avec les autorités locales. Après avoir demandé une entrevue et, à partir du moment où il est entré dans le bâtiment du gouvernement, plus aucune nouvelle de lui n’est parvenue. Enfin, il y a seulement quelques semaines, c’est le père Jacques Mourad, compagnon de route du père Paolo dans le monastère de Mar Moussa, depuis quelques années en charge du monastère de Mar Elian près de la ville de Qaryatayn, qui fut saisi. Depuis que la guerre a commencé, ce monastère est la maison de centaines de familles déplacées, chrétiennes et musulmanes, sans distinction. Très aimé de ses concitoyens, il se savait en danger pour sa vie tout. Quelques jours avant son enlèvement, le 21 mai 2015, la situation de la ville de Qaryatayn s’était dégradée alors que la ville voisine de Palmyre tombait dans les mains de l’Etat islamique. Lorsque qu’il a été kidnappé, père Jacques se déplaçait dans une voiture près du monastère. Sa voiture a été approchée par une moto avec des hommes armés qui lui ont demandé de s’arrêter. Les hommes sont montés dans la voiture et ont emporté le père Jaques. De lui également nous n’avons plus de nouvelles.

En plus de ces prêtres enlevés, nous voudrions rappeler la mémoire des prêtres tués alors qu’ils témoignaient de l’Evangile tel le père François Mourad, tué le 23 juin 2013 à Ghassanieh, dans la vallée de l’Oronte, non loin de l’endroit où a été enlevé le frère Dhiya, samedi dernier. Le père François était d’une aide précieuse pour les Franciscains de la Custodie actifs sur ce territoire. Il était justement dans la paroisse franciscaine de Ghassanieh quand un groupe de milice serait entré dans l’église avec des intentions toutes autres que pacifiques. Au cours d’une dispute le père François aurait été tué. Autre victime de l’intégrisme islamique religieux en Syrie, le père Frans van der Lugt, néerlandais jésuite actif dans la ville de Homs depuis des décennies. Père Frans n’avait jamais abandonné la ville syrienne  malgré des bombardements violents, la faim et des sièges répétés pour partager le sort de ses concitoyens jusqu’à sa mort, survenue le 7 avril 2014, fruit du travail d’une milice armée. Dernièrement en octobre, un autre frère de la Custodie franciscaine de Terre Sainte, le père Hanna Jallouf, avait été enlevé dans la vallée de l’Oronte. Capturé avec une vingtaine de paroissiens du village de Knayeh, il fut porté à la cour islamique locale pour répondre à certaines accusations. Quelques jours plus tard, grâce à Dieu, il fut libéré. En décembre 2013, douze religieuses orthodoxes du monastère de l’ancienne ville chrétienne de Maaloula, étaient libérées après une période d’emprisonnement.

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