Le délai supplémentaire accordé à Benyamin Netanyahu pour former le nouveau gouvernement israélien arrive à échéance ce soir même. Les négociations ne sont toujours pas finies pour former une coalition, et sans la gauche, la majorité parlementaire risque d’être faible. S’il refuse de faire entrer l’Union sioniste au gouvernement, M. Netanyahu risque d’affronter de nouvelles élections plus vite que prévu.
(Jérusalem/n.k) – C’est ce qu’on peut appeler une position délicate. Alors que le délai accordé par le Président Rivlin pour la formation d’un gouvernement expire ce soir (lire notre article Netanyahu obtient un délai pour la formation du gouvernement), Israël risque de se retrouver demain avec une coalition des plus improbables.
Le temps supplémentaire accordé à Netanyahu s’achève le 6 mai au soir. Après cette date, si aucun gouvernement n’a été proposé, le Président de l’Etat serait obligé de confier la mission à un autre député.
Alors que « Bibi » pouvait se targuer d’avoir confortablement remporté les élections de mars dernier avec 30 sièges à la Knesset, ses capacités politiques de négociation semblent être mises à mal.
Pour l’instant l’avenir politique d’Israël peut se résumer en un chiffre et un adjectif : 61 et instable.
61, c’est a priori le nombre de sièges « amis » que Netanyahu va compter dans sa coalition. Soit la stricte majorité, la Knesset ne comptant que 120 sièges.
Instable, c’est ce qui risque de caractériser ce gouvernement, constitué dans la douleur.
Quels sont les partis qui vont (probablement) se rajouter aux 30 sièges du Likoud ?
Pour ce qui est des certitudes, il y a déjà le parti Shass. Possédant 7 mandats à la Knesset, la présence du parti séfarade et ultra-orthodoxe n’est pas étonnante pour un futur gouvernement Netanyahu. Celui-ci avait en effet annoncé que son prochain gouvernement serait très « droitier », ce qui, en Israël, signifie implique la présence de partis religieux et nationalistes.
En contrepartie de leur présence dans la coalition, Netanyahu a promis aux futurs ministres les portefeuilles de l’Economie, des Cultes et du développement de la Galilée et du Néguev.
Le second parti qui participera avec quasi-certitude au prochain gouvernement est celui de la Torah unifié. Parti religieux comme on le devine aisément, celui-ci possède 6 sièges à la Knesset.
Si l’on ne sait pas encore quel ministère ils pourraient recevoir, la presse s’est faite l’écho de l’attribution de la présidence de la commission parlementaire des Finances à un député de ce parti.
Les responsables de la Torah unifiée ne cachent pas leurs craintes d’un blocage gouvernementale si Netanyahu refuse d’ouvrir la coalition plus largement : « Ils devront faire appel au Camp sioniste. Il n’y a pas de doute là-dessus et il est hors de question pour nous de s’y opposer. Je serai même heureux de les voir nous rejoindre. Dans les conditions actuelles, il nous est impossible de gouverner dans de bonnes conditions. Avec 61 députés, il est impossible aussi de mener les réformes souhaitée » a notamment déclaré le député Moshé Gafni.
Le parti de centre droit de Moshé Kahlon, Koulanou, devrait lui aussi faire partie de la prochaine coalition menée par Benyamin Netanyahu, si celui-ci parvient à dégager un accord.
La position de troisième force issue des législatives de mars avait assuré à M. Kahlon le privilège d’être le « faiseur de rois ». Mais au vu des difficultés, ses troupes ne suffisent pas forcément à constituer une coalition solide avec le Likoud.
La grande inconnue est pour l’instant celle du Foyer juif de Naftali Bennet, ouvertement en faveur des colonies et ultra-nationaliste.
M. Bennet ne compte pas être l’homme utile de Netanyahu pour compléter la coalition. Alors que le leader d’ « Israël notre maison », Avidgor Liberman a récemment annoncé qu’il ne rejoindrait pas le prochain gouvernement, son poste de Ministre des Affaires étrangères devrait être réclamé par Naftali Bennet.
Une demande osée, qui n’est pas acquise d’avance. La presse a rapporté que plusieurs offres intéressantes avaient été faites au Foyer juif, notamment les portefeuilles de l’Education, de l’Agriculture, des Sports et des affaires de la Diaspora, ainsi que la présidence de l’importante commission de la Constitution, du Droit et de la Justice de la Knesset.
Le bras de fer devrait normalement prendre fin ce soir.
Si tel n’était pas le cas, deux cas de figure pourraient se présenter : ou bien ouvrir la coalition à la gauche travailliste de M. Herzog (peu probable cependant), ou bien confier la charge du gouvernement à un autre député.
Dans tous les cas, le spectacle des tractations et des petits arrangements laisse bon nombre d’israéliens consternés.
Les prochains mois promettent de ne pas être de tout repos dans la vie politique israélienne.