Après les élections israéliennes du 17 mars dernier, la majorité des Palestiniens ne s’attend pas à des avancées positives. C’est ce qu’affirment des échantillons d’interviews effectués, le mois dernier, par le Centre palestinien pour la Politique et la Recherche. Outre le scepticisme enraciné envers leurs dirigeants, les palestiniens interrogés se fédèrent autour de la résistance contre Israël. Que pense l’opinion publique palestinienne du résultat des récentes élections israéliennes et de la situation actuelle ? Réponses.
(Gs) – Que pense l’opinion publique palestinienne du résultat des récentes élections israéliennes et de la situation actuelle en Cisjordanie et dans la bande de Gaza? Les moyens de le découvrir ne sont pas nombreux, parmi eux, un outil – pour le moins imparfait – tente d’en prendre le pouls. Il s’agit des échantillons d’interviews menés périodiquement par le Centre palestinien pour la Politique et la Recherche (Palestinian Center for Policy and Survey Research). La dernière eu lieu entre le 19 et 21 mars et a touché 1262 adultes dans 127 localités différentes (les enquêteurs évoquent une marge d’erreur de 3%).
Après la victoire du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu lors des élections du 17 mars dernier, 47% des personnes ayant répondu s’attendent que les relations entre Israéliens et Palestiniens à s’enveniment. 32% ne s’attendent à aucun changement et 18% à une amélioration.
Plus de quatre interrogés sur 10 plaident pour un retour aux pourparlers de paix seulement après le gouvernement israélien se soit engagé à geler la colonisation en Cisjordanie. Mais 36% restent opposés à toute nouvelle négociation de paix.
Si des élections présidentielles avaient lieu aujourd’hui en Palestine, et que les candidats fussent l’octogénaire Mahmoud Abbas (actuel président) et le chef du Hamas dans la bande de Gaza, Ismaïl Haniyeh ; on assisterait à un tête à tête serré puisque l’un et l’autre remporterait respectivement 48 et 47% des voix. Bien logiquement, Haniyeh prévaudrait, et avec une bonne longueur d’avance, à Gaza. Les électeurs de la Cisjordanie quant à eux récompenseraient Abbas, dont la côte de popularité a augmenté depuis la fin de l’année 2014 (de 35 à 40%). Une amélioration liée à la décision de ce dernier de demander l’accès de la Palestine à la Cour pénale internationale (qui en est devenue membre à part entière il y quelques jours, le 1er avril pour être exact). A souligner cependant que Marwan Barghouti, dirigeant palestinien historique détenus dans les prisons israéliennes, battrait haut la main les deux candidats mais il encore, à l’heure actuelle, hors compétition.
Si les électeurs étaient enfin appelés à élire un nouveau Parlement palestinien, 71% des personnes interrogées se rendraient aux urnes. Selon le sondage, c’est aujourd’hui le Fatah qui aurait une majorité sur le Hamas, juste après la guerre de Gaza, l’été dernier, le Hamas l’emportait.
Autre constatation : le désir fort d’émigrer. 45% des personnes interrogées dans la bande de Gaza seraient prêts à quitter la Palestine contre 25% des résidents de la Cisjordanie.
Près de 8 personnes sur 10 pensent que dans l’appareil politique palestinien la corruption est largement répandue. Et seulement un tiers juge la critique libre – sans crainte de représailles – envers l’Autorité palestinienne ou les dirigeants de la bande de Gaza. 86% d’entre eux ne considère pas l’État islamique comme une expression authentique de l’Islam. Par conséquent, il est considéré légitime d’empêcher des manifestations publiques de soutien à Daesh.
Les Palestiniens ne se montrent que peu convaincus par le gouvernement d’unité. Les optimistes qui croient en la réconciliation entre le Fatah et le Hamas (prononcée en juin 2014) atteignent les 42% pour 54% de pessimistes. Dans tous les cas, 62% des interrogés ne sont pas satisfaits du résultat actuel en matière d’unité. Est particulièrement contesté le fait que l’appareil politique du Hamas contrôle efficacement la bande de Gaza au détriment du gouvernement.
Ils sont de moins en moins nombreux (6 sur 10) à croire que le mouvement islamiste est sorti victorieux de la guerre contre Israël – été 2014 – et que l’enjeu du conflit puisse justifier la perte d’autant de vie et de tels dommages. Cependant 68% demeurent favorables aux tirs de roquettes sur des cibles israéliennes jusqu’à la levée totale du siège de la bande de Gaza.
Si la solution à «deux Etats pour deux peuples » semble convaincre 51% des interrogés (ceux qui s’y opposent représentent 48%), 6 personnes sur 10 pensent, néanmoins que cette façon n’est plus viable.
85% des palestiniens interrogés appuient la campagne internationale de boycott contre Israël, 68% une résistance non-violente, mais n’exclut pas l’option d’une lutte armée si nécessaire, enfin 48% des personnes interrogés se disent favorables à une nouvelles insurrection.