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Crémisan, victoire du droit et de la prière

Terresainte.net
2 avril 2015
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Ce jeudi 2 avril, la Cour Suprême  israélienne a rendu sa décision finale sur le cas de la vallée de Crémisan. La pétition des habitants plaidant contre le trajet prévu pour la construction de la «barrière de sécurité» dans la vallée a été reçue. Le mur de séparation ne sera pas construit sur le tracé prévu par l'armée.


(Jérusalem/mab-ak) – Ce jeudi 2 avril, la Cour Suprême israélienne a rendu sa décision finale sur le cas de la vallée de Crémisan. La pétition des habitants plaidant contre le trajet prévu pour la construction de la « barrière de sécurité » dans la vallée a été reçue. Le mur de séparation ne sera pas construit sur le tracé prévu par l’armée.

Depuis 2006, les habitants de la vallée et notamment 58 familles chrétiennes menacées de se voir priver de leurs terres agricoles – dont elles auraient été séparées par le mur – ont mené un âpre combat contre la décision militaire qui fixait le tracé.

Il y a quelques mois, la Société Saint Yves, défendant les intérêts des sœurs Salésiennes – dont l’école était menacée de ne plus pouvoir recevoir ses 400 élèves – avait rejoint l’appel interjeté auprès de la Cour suprême.

Les habitants l’ont donc emporté. Durant toutes ces années, ils ont été soutenus par les chefs des Eglises, encouragés par de nombreux fidèles et amis qui se sont mobilisés dans le combat pour la justice et dans la prière. Mais si la Cour, composée de trois juges, a accepté la pétition au motif qu’un autre tracé pourrait être de nature à moins nuire à la population, elle a aussi ajouté dans ses attendus, que le tracé alternatif proposé par les pétitionnaires ne lui paraissait pas d’avantage approprié dans la mesure où il ne serait pas de nature à assurer un niveau de sécurité suffisant.

L’alternative présentée par les requérants avait été soumise par la Commission Sécurité et Paix, une organisation israélienne composée d’anciens officiers de l’armée israélienne.

La Cour n’a pas non plus agréé le nouveau trajet proposé par le Ministère de la Défense israélien. Elle a par conséquent invité le commandement militaire à revoir sa copie. Un des juges a préconisé que le futur tracé permette l’accès des deux monastères salésiens (hommes et femmes) aux habitants du village, les plaçant de ce fait du côté palestinien du mur.

En tout état de cause, tout nouveau futur tracé devra faire l’objet d’un ordre militaire rendant publique la décision et l’exposant à un nouvel appel de la population locale.

Dans l’après midi de jeudi, alors que l’Eglise catholique a commencé la célébration du Triduum Pascal, le Patriarche de Jérusalem, Mgr Fouad Twal s’est rendu à une conférence de presse à Crémisan au milieu des oliviers, là où chaque vendredi, depuis 2011, était célébrée une messe.

Le prélat, avec l’ensemble de l’Assemblée des Ordinaires catholiques de Terre Sainte (AOCT), était monté au créneau à plusieurs reprises sur le cas de Crémisan. Dans le dernier communiqué, datant du 5 décembre 2014, l’AOCTS n’avait pas mâché ses mots : « En réalité, écrivaient les évêques, le mur est voulu par Israël, non pas pour assurer la sécurité de ses frontières d’avant juin 1967, mais pour protéger les colonies construites illégalement sur des terres antérieurement confisquées dans les années soixante-dix et pour donner une possibilité d’expansion aux colonies de Gilo et Har Gilo. En même temps, le mur aliène les droits les plus fondamentaux et la liberté de la communauté chrétienne de Beit Jala. L’AOCTS souligne que la confiscation des terres et l’expansion des colonies ne contribuent pas à la paix dans la région et s’alarme de l’émigration continue de la communauté de Crémisan, constituée majoritairement de chrétiens, à la suite de la construction du mur de séparation. (…) Les évêques sont en faveur de la construction de ponts et non de murs. » L’AOCTS qui avait alarmé le Saint-Siège en appelait cette fois à la communauté internationale afin qu’elle prenne «des mesures immédiates pour protéger l’intégrité de la vallée de Crémisan côté palestinien. »

Le ton était tout autre durant la conférence de presse, dans l’après-midi de ce 2 avril. Mgr Twal déclarait en effet : « Nous sommes tous contents. Tout le monde a gagné et Israël a gagné car il a montré de la sensibilité envers les populations locales, envers leurs droits et pour la cause de la paix. »

Le patriarche latin s’est félicité des pressions exercées et par les habitants et par la communauté internationale. Il a évoqué aussi les efforts développés par les évêques américains et le Saint Siège. « Nous sommes reconnaissants à tous ceux qui ont participé à ce combat pour la justice. C’est une victoire pour tout le monde, pour les juges israéliens, pour les parents, pour les religieux, pour l’Eglise catholique, pour la Société Saint Yves qui parle au nom du patriarcat latin. Dans un sens nous avons anticipé la joie de Pâques. »

Le père Ibrahim Shomali, qui a été curé de la paroisse de 2009 à 2014, et a soutenu ce « combat pour la justice déclarait quant à lui : « Nous sommes si heureux, nous sommes tout excités parce que la décision est tombée alors que le peuple palestinien traverse de dures épreuves. Nous souffrons beaucoup, les salaires ne sont pas payés mais cette décision nous donne de l’espoir. Nous continuerons de lutter de façon non violente pour atteindre notre but. »

L’intention affichée des avocats durant la conférence de presse est que le futur tracé passe soit sur la ligne verte, soit sur les terres israéliennes mais non sur les terres palestiniennes. Dans le cas contraire, ils se sont dits prêts à faire de nouveau appel à la Cour Suprême.

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