L’ange du Seigneur annonça à Marie qu’elle serait la mère du Sauveur. Et elle accepta le projet de Dieu sur elle. Son “oui” devint célèbre et continue à être cité en exemple, un exemple à suivre pour tous ceux qui souhaitent devenir, comme elle, d’humbles serviteurs et servantes du Seigneur.
Cependant, ce jour-là, à Nazareth, un autre “oui” sera émis, tout aussi beau et encore plus puissant, dont l’écho se répercutera jusqu’à Gethsémani, dans ces mots prononcés dans un moment d’angoisse : “Père, si tu veux écarter de moi cette coupe… Pourtant, que ce ne soit pas ma volonté, mais la tienne qui se réalise” (Lc 22, 42).
Ce “oui” de Notre Seigneur, y compris à sa Passion, avait déjà pris naissance avec lui dans son Incarnation. Voyant plus tard la mort et la douleur approcher, Jésus affirmera : “Que dirai-je ? Père, sauve-moi de cette heure ? Mais c’est précisément pour cette heure que je suis venu” (Jn 12, 27).
Les deux “oui” de Nazareth, prononcés d’un même souffle en faveur de l’humanité, possèdent donc une différence majeure, distinguant la mère de son Fils : Marie mit sa confiance en Dieu sans trop savoir ce qui l’attendait. Jésus, pour sa part, connaissait bien ce qui était pour lui arriver. Il accepta pourtant de s’insérer dans le projet du Père pour lui.
La Passion, les tortures, le fouet et les épines, les clous et la croix… Il les connaissait et pourtant, il voulut s’incarner. Puis, il attendit à Gethsémani que viennent le saisir ses bourreaux. C’est qu’il trouvait que, malgré tout, cela en valait le coût. Et ce qui en valait le coût, quand on y pense bien, eh bien, c’est nous.
Pour l’exprimer en d’autres mots, voici ce que ce “oui” peut signifier :
Je t’aime.
Tu t’es éloigné de moi ? Attends. Je m’approche. Je me fais chair de ta chair, car
Je t’aime.
Tu n’as pas su me voir dans le prochain ? Je me fais l’un des tiens.
Tu as ri de moi ? Je me fais un visage pour que tu y perçoives ma douleur. Regarde-moi. Vois que
Je t’aime.
Je t’ai fait peur ? Je me fais enfant. Les autres te font peur ? Je te fais mon enfant.
Accepte de te faire petit, que les autres soient plus grands. Reconnaissant ta faiblesse, tu comprendras alors que je suis plus grand qu’eux, et que tu n’as rien à craindre, car
Je t’aime.
Tu n’as pas été à la hauteur ? Qu’importe. Je descends. Je vais m’abaisser jusqu’à terre, jusqu’à ton humanité, jusqu’à ta plus grande pauvreté. J’irai jusqu’à embrasser la poussière – n’est-ce pas ce que tu es ? Je te tiendrai collé à mes plaies pour faire avec toi ce chemin au bout duquel mon Esprit t’insufflera la Vie, car
Je t’aime.
Tu m’as trahi, renié, délaissé ? Je me jette à tes pieds, comme je l’ai fait pour mes disciples. Tout ce que tu as à faire, c’est de me laisser faire. Je laverai ta faute, j’essuierai ton péché. Tu auras alors part avec moi. Comprends donc que
Je t’aime.
Tu t’es montré infidèle ? Je viens te montrer la fidélité qui tient bon jusqu’à la croix. Même si mon Père m’abandonnait, moi, je ne t’abandonnerai pas, car
Je t’aime.
Tu ressens de la haine ? Je devrai t’aimer encore plus. N’ai-je pas dit qu’il fallait aimer ses ennemis ? J’envelopperai les contours de ton cœur, dans l’espoir de m’y frayer un chemin, que je puisse y faire ma demeure. N’aie pas peur : j’ai habité des endroits encore plus délabrés. J’y viendrai, car
Je t’aime.
Tu appartiens à la nuit ? Tes œuvres sont noirceur ? Tu résides aux ténèbres ? Alors j’y descendrai. Les ténèbres pour moi ne sont pas ténèbres et la nuit comme le jour illumine. Je t’y éclairerai. Marche donc à ma lumière : elle guidera tes pas. Dorénavant, la voie sera ouverte pour venir jusqu’à moi…
Tu n’as qu’à prendre quelques instants pour me dire “salut”. J’y comprendrai ton souhait et je te le donnerai. Je serai ton salut, ta paix et ta joie. Je réchaufferai ton cœur, trop souvent en hiver. Je serai présent, mais ne m’imposerai pas ; je t’aime trop pour cela. J’attendrai que tu me dises : “Viens, reste avec moi”.
C’est alors qu’avec bonheur, je me révèlerai à toi. Dans tes regards, dans les sourires, dans le vent qui vient caresser ta tête… J’ai créé tout cela.
Que puis-je faire de plus pour te prouver que Je t’aime tant que je veux t’aimer pour l’éternité.