Cinq mois après les bombardements de l'été dernier, le paysage de Gaza est encore marqué par de nombreux tas de gravats. Et comment pourrait-il en être autrement. En effet, seulement 5 % des fonds alloués à la reconstruction par la communauté internationale ont atteint leur destination.
(Cg) – Cinq mois après les bombardements de l’été dernier, le paysage de Gaza est encore marqué par de nombreux tas de gravats. Et comment pourrait-il en être autrement. En effet, seulement 5 % des fonds alloués à la reconstruction par la communauté internationale ont atteint leur destination.
C’est l’IRIN, une agence d’information indépendante et spécialisée sur les urgences humanitaires internationales, qui le communiquait récemment. Lors de la Conférence du Caire, en octobre dernier, les dirigeants du monde avaient promis 5,4 milliards de dollars pour la reconstruction de la bande de Gaza; mais les choses ne se sont déroulées pas comme prévu: « Jusqu’à présent, nous n’avons reçu que 300 millions de dollars (environ 5,6 % du total des fonds promis – ndlr) – a révélé à IRIN une source proche du Vice-Premier ministre Mohammad Mustafa, qui dirige la reconstruction de Gaza -. Les projets qui ont été mis en suspens en raison de ce retard sont les plus nécessaires, à savoir ceux liés à la reconstruction des maisons et des routes ».
La révélation du ministère palestinien de l’Intérieur confirme une situation très critique que Robert Turner, chef du Bureau des Nations Unies pour l’aide à Gaza, avait déjà signalé il y a quelques semaines. Le 27 janvier, Turner avait affirmé avoir été contraint de suspendre l’aide aux victimes du dernier bombardement, en raison du non-déblocage des fonds par les pays donateurs. Selon Turner, « pratiquement rien » des 5,4 milliards de dollars promis n’a atteint le territoire de Gaza. Une situation qui devient, jour après jour, s’enlise ; 96 000 familles sont toujours sans abri, une reconstruction estimée à environ 720 millions de dollars. Il convient de rappeler que l’opération militaire de l’été dernier, outre la destruction des routes, logements et infrastructures, a laissé sur les champs de bataille 2200 morts côté palestinien, 72 morts côté israélien et des centaines de blessés et mutilés. En dépit de la conférence du Caire qui s’est tenue dès la fin de l’été, la promesse d’un toit avant l’arrivée de la dure saison hivernale pour de nombreuses familles de la bande de Gaza, n’a pas été tenue. Et cet hiver est loin d’être l’un des plus doux que la Bande ait connu, les pluies et les inondations se succèdent (dernièrement en janvier) dévastant ces familles privées d’abri.
Plusieurs raisons expliqueraient le retard qu’ont pris les États donateurs. Selon l’IRIN, en plus des problèmes financiers intrinsèques à chaque Etat, une des raisons qui ralentirait le versement promis des donateurs, serait l’incertitude politique de la région. Avant même la conférence du Caire, plusieurs États donateurs avaient exprimé leur frustration; ayant déjà promis de faire un don pour la reconstruction de Gaza en 2009 et 2012. « Sans changement politique, je pense que nous finirons par faire un don – avait déclaré à l’IRIN, quelques jours avant la Conférence, un diplomate occidental – mais ce sera comme un ré-emballage de l’aide nous donnons déjà aujourd’hui … En fait, aucun des fonds qui nous attribuerons ne seront des nouveaux dons. Je ne vois pas l’horizon un profond changement à cela, ni un grand espoir …. »
Mais qui sont ces Etats qui ont promis de financer la reconstruction de Gaza et combien ont-ils annoncé ? La nation la plus généreuse serait le Qatar, allié historique du mouvement palestinien du Hamas qui contrôle la bande de Gaza et qui a promis, à lui seul, un milliard de dollars; derrière lui suivent l’Arabie Saoudite (500 millions $); puis la Turquie et les Emirats Arabes Unis (200 millions); l’Union européenne (568) et les États-Unis (212). Enfin individuellement, certains pays européens et autres se sont aussi engagés pour des sommes inférieures.