C’est un véritable coup de semonce qu’a adressé à la presse l'Assemblée des Ordinaires catholiques de Terre Sainte (AOCTS) vendredi dernier, 5 décembre, au sujet de l’affaire de Crémisan. « Que justice soit rendue dans la vallée de Crémisan », ont écrit les chefs religieux des différentes communautés catholiques et « que l’on arrête la construction de ce mur de séparation qui est contraire au droit international ».
(g.s) – Il résonne comme un coup de semonce, le communiqué de l’Assemblée des Ordinaires catholiques de Terre Sainte (AOCTS) a été publié vendredi dernier, 5 décembre, au sujet de l’affaire de Crémisan. « Que justice soit rendue dans la vallée de Crémisan », ont écrit les chefs religieux des différentes communautés catholiques et « que l’on arrête la construction de ce mur de séparation qui est contraire au droit international ».
Crémisan est une colline luxuriante de 170 hectares de vignes et d’oliviers située au nord-ouest de Bethléem. Elle appartient à 58 familles d’agriculteurs et fermiers, en majorité des habitants du village voisin de Beit Jala, et deux propriétaires terriers plus importants : la Cave viticole fondée par les salésiens en 1885, et, un peu plus en aval, le couvent et les terres des Sœurs salésiennes. Depuis des décennies, les religieuses gèrent une école qui offre aujourd’hui un enseignement primaire à plus de 400 élèves palestiniens.
À l’ouest et à l’est de la colline surgissent de terre les colonies israéliennes de Har Gilo et Gilo. Pourtant, la « Ligne Verte » de démarcation – datant de l’armistice de 1949 et mettant fin à la guerre israélo-arabe de l’année précédente – passe plus au nord. Sur ce territoire, les territoires palestiniens sont sous occupation militaire israélienne depuis 1967.
Le mur de séparation israélien, dressé aux portes de Bethléem depuis 2004, sur la colline de Crémisan n’a pas encore été achevé en raison des procédures judiciaires en cours. En effet, il y a quelques années, les familles de Beit Jala concernées (et plus tard les Salésiens) ont décidé de s’opposer pacifiquement au tracé du mur et ont porté l’affaire devant les tribunaux israéliens. Ils demandent à ce que le mur soit érigé sur le Ligne verte, épargnant ainsi leurs terres agricoles et évitant d’isoler leurs maisons de leurs propriétaires respectives.
À l’heure actuelle, ils ont épuisé les juridictions inférieures et l’affaire est en attente d’un jugement de la Haute Cour de Justice israélienne. Le verdict étant imminent – le stade préliminaire d’étude est terminé- les Ordinaires catholiques de Terre Sainte ont pris la parole.
Dans un récent communiqué ils dénoncent ouvertement un « mur de séparation contraire au droit international » et qui est voulu par Israël « non pas pour assurer la sécurité de ses frontières d’avant juin 1967, mais pour protéger les colonies construites illégalement sur des terres antérieurement confisquées dans les années soixante-dix et pour donner une possibilité d’expansion aux colonies de Gilo et Har Gilo ».
« Le mur – poursuivent les ordinaires de Terre Sainte – aliène les droits les plus fondamentaux et la liberté de la communauté chrétienne de Beit Jala. L’AOCTS souligne que la confiscation des terres et l’expansion des colonies ne contribuent pas à la paix dans la région », elle n’est qu’une incitation supplémentaire à l’émigration des chrétiens palestiniens.
Les chefs religieux catholiques appellent enfin la Haute Cour israélienne au changement du tracé afin qu’il respecte la Ligne Verte. Aux membres de la communauté internationale l’AOCTS demandent la prise de « mesures immédiates pour protéger l’intégrité de la vallée de Crémisan côté palestinien » et à tous ceux qui détiennent le pouvoir et l’autorité » un réveil pour que soient embrassées « les valeurs de justice et de paix, fondées sur le respect mutuel et la légitimité internationale ».
Le 4 septembre, à la demande des juges de la Haute Cour, le ministère israélien de la Défense avait proposé une alternative au tracé dans laquelle les deux maisons religieuses des salésiens (celles des pères et des sœurs) restaient du côté palestinien du mur, tandis que les terres agricoles – accessibles par des ouvertures réservées aux propriétaires fonciers – passaient sous le contrôle de l’armée israélienne car se trouvant, de fait, au-delà du mur.
La dernière audience publique de la Haute Cour au sujet de l’affaire de Crémisan remonte au 30 novembre, elle a permis aux parties prenantes de commenter cette hypothèse. Cette dernière a été rejetée par les familles comme par les autorités catholiques de Terre Sainte.