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Travailleurs étrangers en Israël, des changements en vue ?

Francesco Pistocchini
2 décembre 2014
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La Knesset doit discuter dans les prochains jours le projet de loi que le gouvernement israélien a approuvée le 23 novembre et qui modifie la définition même de l’état d’Israël. Un changement qui pourrait créer de nouveaux problèmes, notamment pour les 300 000 travailleurs étrangers employés dans le pays.


« Israël est le foyer national du peuple juif, et uniquement du peuple juif, dont il doit réaliser le droit à l’autodétermination », tel est le projet de loi que le Parlement israélien – la Knesset, devra discuter dans les prochains jours. Si le texte est adopté, il permettra de renforcer l’identité ethno-religieuse du pays, au détriment de sa composante arabe et des nouveaux immigrants, dont la présence est en forte croissance. Sur les huit millions de personnes vivant aujourd’hui en Israël, seulement les trois quarts sont Juifs. Et bien que 20 % de la population soient des citoyens d’origine palestinienne, la langue arabe qui jouissait jusqu’à présent d’un statut particulier est vouée à le perdre au profit de la langue hébraïque qui restera la seule langue officielle.

Ce choix symbolique, souhaité par le Premier ministre Benjamin Netanyahu, est fortement contesté par ceux qui voudraient préserver le caractère démocratique de la société israélienne. En effet, plus de 300 000 nouveaux travailleurs immigrants arrivés de divers pays du Sud, ont déjà bien du mal à répondre aux nombreux besoins du marché local. Parmi les mesures les plus sévères, mises en œuvre par le gouvernement israélien, il y a celle qui interdit le regroupement familial. Comme en Europe, nombreuses sont les femmes immigrées occupant des postes de soins auprès des personnes âgées. Le regroupement est devenu presqu’impossible pesant sur les vies personnelles et familiales de ces individus. Jusqu’en 2011, était en vigueur un règlement du ministère de l’Intérieur prévoyant que les femmes étrangères tombées enceintes sur le sol israélien avaient le choix entre perdre leur permis de séjour ou rester en Israël mais sans leur enfant. La Cour de justice avait aboli cette règle sous la pression d’organisations pour les droits civiques. Cependant, la femme enceinte devait continuer de travailler pendant sa grossesse et finissait, bien souvent, licenciée après l’accouchement en raison de l’incompatibilité entre une vie professionnelle active et le soin d’un nouveau-né.

Qunt aux enfants d’immigrés, non reconnus, ils se trouvent dans un flou juridique, sans carte d’identité alors qu’elle est obligatoire pour tous les résidents de plus de 16 ans. Les enfants nés «illégalement», subissent dans de nombreux cas des périodes de détention lors du rapatriement de leur mère. Le sort de ces familles a même fait l’objet d’un film à succès aux Philippines – Transit sorti en 2013 – qui raconte l’histoire d’un père célibataire, travailleur immigré en Israël, tentant de cacher son fils de quatre ans afin d’empêcher son rapatriement. Une histoire qui a beaucoup ému dans l’archipel pourtant éloignée de neuf mille kilomètres de Tel Aviv. Autre que les Philippines (d’où sont originaires plus de 30 000 travailleurs étrangers sur les 300 000 inscrits), les nouveaux immigrants en Israël viennent de différents pays d’Afrique, Amérique du Sud et Asie du Sud. Ils sont principalement concentrés à Tel Aviv. Nombreux sont catholiques et sont en train de redessiner la présence chrétienne au sein du pays.

Les demandeurs d’asile ne trouvent que rarement l’accueil suffisant en Israël et sont souvent laissés en marge de la société. En janvier dernier, des manifestations de rue ont éclaté à Tel-Aviv et Jérusalem, mettant aux yeux du monde la problématique de leur survie. Aujourd’hui, la question de l’octroi d’une carte d’identité à des non-Juifs reflète le souci de maintenir une majorité juive au sein de l’Etat. Israël ne se trouve plus en effet face à un phénomène d’aliyah massive comme ce fut le cas avec la migration des Juifs venant de la diaspora ces dernières décennies. Aux transformations actuelles de sa société, le gouvernement israélien est entrain d’offrir des réponses qui affectent et blâment toujours plus les catégories les plus faibles.

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