Moins d’une semaine après le cessez-le-feu du 26 août dernier, le gouvernement israélien a annoncé l’accaparement de 400 hectares en Cisjordanie.
(Jérusalem/n.k.) – Dimanche 31 août, le gouvernement israélien a déclaré vouloir annexer 400 hectares de terres à proximité du bloc de colonies de Goush Etzion. Cette superficie, qui couvre cinq villages palestiniens au sein du gouvernorat de Bethléem, serait dans un premier temps déclarée « Terre d’Etat ». Ce qualificatif est un préalable nécessaire pour pouvoir construire ensuite une colonie.
Cette annonce se fait dans un contexte particulièrement tendu, moins d’une semaine après le cessez-le-feu mettant fin à l’opération « Bordure protectrice ». Signée le 26 août, la trêve entre le Hamas et le gouvernement israélien marque l’arrêt d’un nouveau conflit sanglant commencé le 8 juillet dernier. A l’issue de cet été meurtrier, on comptait 2140 morts palestiniens (en majorité civils) et 70 israéliens.
D’autre part, le choix du lieu de colonisation n’est pas anodin, puisque c’est dans la colonie de Goush Etzion qu’étudiaient les trois adolescents juifs tués le 1er juillet par le Hamas, évènement déclencheur de l’opération « Bordure Protectrice ».
Il existe depuis une quinzaine d’années le projet de faire de Goush Etzion une ville à part entière. Le groupement de colonies formant Goush Etzion compte aujourd’hui plus de 60 000 habitants (selon La Paix maintenant), et l’idée d’accueillir une nouvelle implantation a réjoui le Président du Conseil de la colonie. Celui-ci a salué une « décision historique ». La même satisfaction était perceptible au sein de « l’aile droite » du gouvernement israélien. Le ministre israélien de l’Industrie, Naftali Bennett (dirigeant du Foyer juif – HaBayit HaYehudi- , mouvement nationaliste, sioniste et religieux, classé à l’extrême droite de l’échiquier politique) a affirmé que « construire était une réponse au meurtre »,
L’organisation pacifique « La Paix maintenant » (Shalom Arshav) n’a pas tardé à réagir, condamnant ce qui apparaissait comme « le principal accaparement de terres en territoire palestinien depuis les années 1980 », et voyant la décision israélienne comme « un coup de poignard dans le dos du Président Abbas » (favorable à un apaisement des tensions, ndlr).
Les chancelleries occidentales ont également condamné de façon claire la nouvelle confiscation de terres par Israël. Le département d’Etat américain a exhorté le gouvernement hébreu à « renoncer à cette décision », la jugeant « contre-productive au regard de l’objectif fixé par Israël de parvenir à une solution négociée à deux Etats avec les Palestiniens ». La même condamnation se retrouvait dans la bouche du Secrétaire du Foreign Office. Le chef de la diplomatie britannique a ainsi regretté « une annonce particulièrement malvenue, à l’heure où la priorité devrait être de conforter le cessez-le-feu dans la bande de Gaza ». De façon similaire, le Quai d’Orsay a appelé Israël à « revenir sur sa décision ».
Cette nouvelle annonce de colonisation se situe dans la continuité de la politique menée depuis 2009 par le premier ministre Benyamin Netanyahu. Le mouvement « La Paix maintenant » rappelle à ce titre que depuis son entrée en fonction, les logements ou maisons construits en territoire palestinien sont passés de « 1500 ou 1800 à 2000 ou 2500 ».
Les populations palestiniennes spoliées ont quarante-cinq jours pour faire appel.