La situation des prisonniers politiques palestiniens détenus sans procès inquiète des deux côtés du mur. Le 24 avril, une centaine d’entre eux ont commencé une grève de la fin. Ils ont depuis été rejoints par d’autres. Après 6 semaines sans nourriture, leur situation est jugée critique. À Ramallah, dimanche dernier, les commerçants ont fermé leurs portes en signe de protestation. À Hébron, des dizaines de partisans ont manifesté dans les rues. À Jérusalem, un groupe de femmes israéliennes s’est retrouvé devant la résidence présidentielle dans un élan de compassion et de solidarité.
(Jérusalem/GR) – Selon Sivan Weizman, porte-parole du service pénitentiaire, ce sont quelque 240 prisonniers palestiniens qui seraient désormais en grève de la faim dans les prisons israéliennes. Le mouvement initié le 24 avril dernier par 120 prisonniers a donc pris de l’ampleur et 40 des grévistes ont été hospitalisés fin mai. Si leur état était alors jugé « raisonnable », après deux semaines supplémentaires, il devient critique. Tandis que le Premier Ministre israélien discutait dimanche à la Knesset de la possibilité de les contraindre à se nourrir – contre l’avis de l’Association Médicale israélienne (IMA) et le Conseil National de Bioéthique – des activistes des deux côtés du mur ont explicitement montré leur soutien aux prisonniers et manifesté contre la rétention administrative.
Dimanche, à Ramallah, une grande majorité des commerçants avaient baissé leurs rideaux. Les manifestations étant chose courante dans cette ville palestinienne, ces vendeurs avaient décidé de montrer leur soutien aux grévistes autrement. Selon une correspondante, des drapeaux noirs et blancs étaient déployés dans les rues, sur lesquels était écrit « liberté pour les prisonniers ». Le même jour, une douzaine de manifestants ont paradé dans les rues d’Hébron pour la même cause. À Jérusalem, quelques activistes israéliens s’indignent eux aussi de l’injustice que subissent ces prisonniers politiques. Un groupe d’une vingtaine de femmes s’est réuni devant la résidence présidentielle dimanche et comptent y rester plusieurs jours encore. Ces femmes appartiennent à des groupes politiques ouvertement contre l’occupation tels que Machsomwatch (vigilance aux points de contrôles) et Women in Black (les femmes en noir). Solidaires avec les Palestiniens, elles brandissaient des affiches avec des slogans comme « Procès ou liberté ! »
Ces femmes radicalement opposées à la rétention administrative estiment qu’elle constitue une violation du droit international. En organisant cette manifestation, elles souhaitaient montrer que les Israéliens aussi s’indignent face à cette injustice. « Nous voulons montrer que la rétention administrative n’est pas quelque chose que nous acceptons ici », explique l’une d’entre-elles. Elles espèrent que cette manifestation, petite mais grandissante, attirera l’attention des médias et encouragera les Palestiniens et surtout les Israéliens à faire entendre leurs voix et à se prononcer contre la situation des prisonniers politiques.
Une des partisantes du groupe Women in Black explique : « Il ne leur reste qu’une seule liberté : celle de leur corps. ». Une liberté que le Premier Ministre ne leur reconnait même pas puisqu’est envisagé l’idée de gaver » ces prisonniers plutôt que de revoir leur situation administrative. Selon l’AFP : « Quelque 5 000 Palestiniens sont détenus dans les prisons israéliennes, dont 200 font l’objet d’un ordre de détention administrative rendant possible – pour une durée maximale de six mois – l’emprisonnement de suspects qui n’ont pas encore été jugés. Ces ordres de détention peuvent être renouvelés de façon illimitée par un tribunal militaire. »