Le dimanche 8 juin, les présidents palestinien et israélien seront au Vatican, invités par le pape François, afin de prier ensemble pour la paix. La présence du patriarche œcuménique de Constantinople, Bartholomée Ier, a été annoncée aux côtés de Shimon Peres et de Mahmoud Abbas. L’événement sera entièrement spirituel, sans aucune implication politique ou diplomatique.
Le pape François aime à répéter : «Partout dans le monde nous devons créer et encourager une culture de la rencontre ». Chacun sait combien il est difficile de se rencontrer, de s’accueillir et de se comprendre lorsque les outrages quotidiens et les ressentiments ataviques se perpétuent et se renforcent. Dans de tels cas, le croyant doit se tourner vers Dieu pour lui demander de guérir les blessures qui ne guérissent pas, ou au moins raviver ceux qui, vaincus et découragés, sont sur le point de baisser les bras.
La prière pour la paix qui aura lieu dans l’après-midi du dimanche 8 juin au Vatican à l’initiative du pape, est à comprendre dans ce sens.
Ce rendez-vous est une sorte d’appendice idéal au le récent pèlerinage en Terre Sainte. Se tournant vers le président palestinien Mahmoud Abbas et le président israélien Shimon Peres, François les a invités à se réunir à nouveau, pour une prière pour la paix. La proposition a été immédiatement acceptée, le mandat présidentiel de Peres expirant dans quelques jours (le 10 juin, la Knesset élira un nouveau président). En plus de ces deux invités de marque venus du Moyen-Orient, le Vatican accueillera également le Patriarche œcuménique de Constantinople, Bartholomée Ier. Une fois de plus, il se tiendra aux côtés du pape.
L’événement de dimanche n’aura aucune consonance politique, ni même diplomatique. Evénement qui ne manque pas de rappeler la grande veillée et le jeûne pour la Syrie, annoncés le 7 Septembre 2013, sur la place Saint-Pierre. Mais les similitudes ne sont pas nombreuses : cette fois, le peuple n’est pas présent, et l’on attend aucune célébration. Parallèlement et au même endroit, chacun des participants invoquera le ciel en demandant la paix. Comme pour reconnaître que, seuls, nous sommes perdus, que les chemins des hommes ne se croisent plus, et que nous avons besoin d’une nouvelle lumière d’en haut, un nouveau courage, une énergie nouvelle, une nouvelle générosité. Une nouvelle capacité de rêver et d’oser, à semer dans les mains des hommes et des femmes de bonne volonté, de chaque côté des murs.
Même si nous ne serons pas physiquement présents au Vatican, nous sommes tous invités à entrer en profonde harmonie avec ce geste. Le pape lui-même l’a demandé à l’audience générale du 28 mai dernier : « S’il vous plaît, je vous demande de ne pas nous laisser seuls : priez, priez pour que le Seigneur puisse nous accorder la paix, nous donner la paix pour cette terre bénie ! Je compte sur vos prières. Avec force, priez, ce jour-là, priez beaucoup pour que vienne la paix».
L’ Action Catholique Argentine a répondu à cette demande en proposant un petit geste pour le vendredi 6 juin à 13h00 : une minute de silence à l’approche de la prière du 8 juin. L’idée a été relancée par le Forum International d’Action Catholique (FIAC) et par l’Action italienne. Cette proposition invite tout le monde à « s’arrêter, baisser la tête et prier selon sa propre tradition : au travail, à l’école, à l’université, dans le quartier, la famille, l’université, devant la paroisse. Si deux ou trois sont assemblés, c’est encore mieux ».
Dimanche, en Italie, des fidèles méditeront certains des mots échangés lors de la rencontre du pape avec les autorités politiques en Palestine et en Israël.
A Bethléem, face au président Mahmoud Abbas, François a déclaré : « Exprimant ma proximité à ceux qui souffrent le plus des conséquences du conflit, je voudrais dire du fond de mon cœur qu’il est temps de mettre un terme à cette situation, qui est de plus en plus inacceptable, et ce pour le bien de tous. Il faut donc redoubler d’efforts et d’initiatives pour créer les conditions d’une paix stable, basée sur la justice, sur la reconnaissance des droits de chaque individu et sur la sécurité mutuelle. Il est temps pour chacun d’avoir le courage de la générosité et de la créativité, au service du bien. Le courage de la paix, qui est basé sur la reconnaissance, par tous, du droit de deux États à exister et à jouir de la paix et de la sécurité, au sein de frontières internationalement reconnues (…) Je souhaite aux peuples palestinien et israélien ainsi qu’à leurs autorités respectives d’entreprendre cet exode heureux de la paix avec ce courage et cette fermeté propres à tout exode. La paix dans la sécurité et la confiance mutuelle sera le cadre stable pour affronter et résoudre d’autres problèmes, et pour offrir ainsi la possibilité d’un développement équilibré, de manière à devenir un modèle pour d’autres zones de crise ».
Ce même jour, à l’aéroport international Ben Gourion (Tel Aviv), le pape a déclaré aux autorités israéliennes : «Je souhaite donc que cette terre bénie soit un endroit où il n’y ait pas d’espace pour ceux qui, en exploitant et en exacerbant la valeur de leur appartenance religieuse, deviennent intolérants et violents envers les autres. Nous savons tous combien cela devient urgent pour la paix, non seulement pour Israël mais aussi pour l’ensemble de la région. Multiplions donc les efforts et les énergies pour parvenir à un règlement juste et durable de conflits qui ont causé tant de souffrances. En union avec tous les hommes de bonne volonté, partout dans le monde, je supplie tous les responsables de ne pas abandonner la recherche d’initiatives visant à trouver des solutions équitables aux problèmes complexes, afin les Israéliens et les Palestiniens puissent vivre en paix. Nous devons toujours prendre avec courage, et sans se lasser, la voie du dialogue, de la réconciliation et de la paix. Parce qu’il n’y en a pas d’autre ».
Puis, le pape François a mentionné les paroles passionnées de Benoît XVI, en ce même aéroport, le 15 mai 2009, à la fin de son voyage en Terre Sainte. Ratzinger avait déclaré : « Je tiens à souligner que je suis venu visiter ce pays en ami des Israéliens, tout comme je suis un ami du peuple palestinien. (…) Aucun ami des Israéliens et des Palestiniens ne peut manquer d’être attristé par la persistance des tensions entre vos deux peuples. Aucun ami des Israéliens et des Palestiniens ne peut éviter d’être triste de la continuelle tension entre vos deux peuples. Aucun ami ne peut éviter de pleurer à la souffrance et aux pertes en vie humaine que les deux peuples ont endurées durant les dix dernières décennies. Permettez-moi de lancer cet appel à tous les peuples de cette terre : plus d’effusion de sang ! Plus de combats ! Plus de terrorisme ! Plus de guerre ! Brisons plutôt le cercle vicieux de la violence. Que s’établisse ici une paix durable basée sur la justice, que s’établissent ici une réconciliation et une guérison véritables. Que soit universellement reconnu le droit de l’État d’Israël à exister et à jouir de la paix et de la sécurité dans des frontières internationalement reconnues. Et que soit de même reconnu que le peuple palestinien a le droit à une patrie souveraine et indépendante, de vivre avec dignité et de se déplacer librement. Que la solution de deux États devienne une réalité, et ne reste pas un rêve. Et que la paix jaillisse de ces terres, qu’elles soient « lumière des nations », apportant l’espérance à tant d’autres régions affectées par les conflits ».