« Auparavant je jouais au foot dans la rue, comme tous les garçons du camp »
Abd-ir-Rahman a 21 ans. Il est en troisième année universitaire de soins infirmiers à Naplouse. Abed, comme l'appellent ses amis, est né et habite dans un camp de réfugiés palestinien; depuis quelques temps il a arrêté de s'intéresser à l'actualité car cela influence de façon négative son humeur et état d'esprit. Rencontre avec la jeunesse de Terre Sainte.
Abd-ir-Rahman a 21 ans. Il est en troisième année universitaire de soins infirmiers à Naplouse. Abed, comme l’appellent ses amis, est né et habite dans un camp de réfugiés palestinien; depuis quelques temps il a arrêté de s’intéresser à l’actualité car cela influence de façon négative son humeur et état d’esprit. Rencontre avec la jeunesse de Terre Sainte.
Abed, en dehors de ton travail et de tes études, quels sont tes loisirs ? Comment aimes-tu occuper ton temps libre ?
Puisque je poursuis encore mes études j’ai beaucoup de choses à faire pour l’université. J’effectue par exemple des études de cas pour l’hôpital où je prépare mes examens.
S’il y a un match de basket avec des équipes d’autres villes dans notre camp, j’aime bien le regarder. Auparavant je jouais au foot dans la rue comme tous les garçons du camp, mais avec toutes les voitures c’est devenu trop dangereux. La nuit, s’il me reste du temps, j’aime bien passer du temps sur Internet et Facebook.
D’où viennent tes amis, te ressemblent-ils ?
La plupart de mes amis font les mêmes études que moi à Naplouse. Ils viennent de tous les coins de la Palestine. Mes amis d’enfance sont eux aussi à l’université, on se voit moins qu’avant. Nous devons planifier nos rencontres car notre temps libre est précieux. On arrive quand même à se retrouver pour jouer des jeux en ligne ou pour regarder des films. Quand il y a des sujets politiques chauds, on les aborde.
Tu t’intéresses alors à l’actualité ?
Je suivais beaucoup les nouvelles et il y a quelques années je voulais même devenir journaliste. Mais j’ai constaté que cela influençait énormément mon état d’esprit et mon humeur de façon négative. Aujourd’hui je suis de loin ce qui se passe, je suis moins investi.
As-tu une religion ? Si oui quelle place prend-elle dans ta vie quotidienne ?
Je suis musulman. Je pense que l’islam est différent du christianisme en ce sens qu’être musulman c’est être « religieux à temps plein ». Ma religion affecte toute ma vie. Je prie cinq fois par jour, je jeûne pendant Ramadan et j’espère pouvoir faire le Hajj, le pèlerinage à la Mecque.
Parle-nous des membres de ta famille, que partage-tu avec eux ?
Adolescent, je ne partageais pas beaucoup avec ma famille. Aujourd’hui nous passons les repas du soir ensemble. Quand j’ai besoin d’aide, je le leur demande. J’aime aussi partager mes bonnes notes d’examens. Par contre si j’ai des mauvais résultats je ne leur dis rien !
Quels sont tes projets professionnels et personnels ?
Au niveau professionnel, il me reste une année à l’université et j’ai déjà commencé à chercher un travail. Par exemple, je m’engage beaucoup dans les discussions à l’hôpital de Ramallah où j’effectue un stage. Petit à petit je me fais connaître. Le nouvel hôpital de mon université est très intéressé par les diplômés de ma faculté et mon doyen m’a promis de m’aider, alors je suis optimiste.
Je veux travailler six mois ou un ans et continuer mes études après. Un master ne vaut rien aujourd’hui alors peut-être que je partirais mais pas définitivement. Je reviendrai en Palestine pour m’impliquer avec mon savoir et mes compétences dans mon pays.
Au niveau personnel j’aimerais me fiancer et fonder ma famille dans un futur proche, peut-être quand j’aurai 25-26 ans. Mais je sais que ça sera difficile parce que je n’ai rien et je dois tout construire. Mon père ne pourra pas m’aider plus qu’il ne le fait déjà, il soutient toute la famille.
Pour finir, en quelques mots, que souhaites-tu à ton pays ?
Une seule chose: La liberté ! C’est le souhait le plus fort de tous les palestiniens.