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Paix pour la Syrie : processus bloqué à Genève 2 mais les tentatives se poursuivent

Terrasanta.net
31 janvier 2014
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À Genève, près du siège de l'ONU, après l'ouverture officielle de la Conférence internationale pour la paix en Syrie, le résultat des négociations en cours reste encore incertain. Pour la première fois, deux délégations, une du gouvernement et une de l’opposition, se sont retrouvées face à face. Cependant, elles restent en désaccord sur tous les sujets.


(Milan / c.g.) – À Genève, en Suisse, près du siège de l’ONU, après l’ouverture officielle de la Conférence internationale pour la paix en Syrie, à laquelle participent plus de trente pays, le résultat des négociations en cours reste encore incertain. Organisées à Montreux par l’ONU afin de trouver un accord, les négociations se sont ouvertes le 22 janvier dernier. Cette conférence est nommée Genève 2, afin de la distinguer des précédentes négociations (dites « Genève 1 »), qui se sont restées dans l’impasse en juin 2012.

Grâce à Genève 2, une délégation du gouvernement et de l’opposition se sont retrouvées face à face pour négocier : il s’agit de la première confrontation directe des parties en conflit, après trois années de guerre sanglante en Syrie. Implicitement, elles se reconnaissent donc comme des interlocuteurs légitimes.

Malheureusement, il semble impossible de trouver un accord sur les discussions en cours. Les réunions semblent coincées dans une dangereuse « impasse » qui n’augure rien de bon. De l’aide humanitaire d’urgence à la question de la succession politique du président Bachar al-Assad, les parties opposées restent en désaccord sur tous les sujets.

La question la plus urgente semble être celle de l’humanitaire : d’après l’ONU, il est urgent d’ouvrir des couloirs qui permettraient le passage de civils, de nourriture et de médicaments. Un rapport récent de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a estimé que la Syrie aurait aujourd’hui besoin de plus de 330 millions d’euros de médicaments pour secourir 9,3 millions de personnes dans les zones sous contrôle du gouvernement et de l’opposition. Dans différentes régions du pays, le conflit a entraîné la population dans la famine ; en janvier, au camp de réfugiés de Yarmouk, près de Damas, on a compté des dizaines de décès dus à la malnutrition.

La situation est également critique pour les quelques 2500 civils pris au piège dans le centre historique de la ville de Homs, soumis depuis des mois aux bombardements et à l’absence d’aide. Leur cas est en train de devenir une véritable source de conflit entre les parties représentées à Genève 2 : l’ONU a exhorté le gouvernement syrien à prendre des mesures pour faire entrer un convoi d’aide humanitaire dans Homs ; le gouvernement a répondu n’y voir aucun inconvénient, à condition que soient connus les bénéficiaires des premiers soins, compte tenu de la forte présence de rebelles armés aux côtés des terroristes à Homs. Position considérée comme inacceptable par l’opposition au régime.

Le plus grand obstacle à l’entente reste la présence de Bachar al-Assad à la tête du pays. Le 21 janvier, veille du début des travaux, un rapport indépendant dans lequel ont été rapportées les preuves de l’usage systématique de la torture dans les prisons syriennes a été publié. Cela a immédiatement provoqué la réaction des diplomates occidentaux, et John Kerry, secrétaire d’État américain, a fermement déclaré qu’il n’y avait pas de place pour un sanguinaire comme Assad dans l’avenir de la Syrie. Le rapport sur la torture a été réalisé par un cabinet d’avocats de Londres, la Carter-Ruck, qui a analysé 55 000 photos couvrant environ 11 000 prisonniers décédés. Selon le journal américain The Wall Street Journal, la recherche – qui révèle un irrévocable scénario criminel dans les prisons syriennes – aurait été financée par le gouvernement du Qatar, impliqué dans le conflit étant l’une des principales sources de financement de l’opposition armée à Bachar al-Assad.

D’autre part, la délégation du gouvernement syrien à Genève insiste pour que le discours de la succession d’Assad ne soit pas mis en place. Elle accuse également le président américain Barack Obama de vouloir soutenir les terroristes. Ce dernier a en effet rappelé dans son discours du 28 janvier dernier devant le Congrès, la volonté des Etats-Unis de soutenir l’opposition armée syrienne non-intégriste.

Au milieu de cette confrontation où la patience et l’espoir ne semblent pas encore perdus, l’envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie Lakhdar Brahimi a déclaré : « nous avons atteint un tournant, mais nous travaillons toujours à l’obtenir, et selon mon point de vue, c’est déjà positif ».

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