Vendredi 24 janvier a été célébrée la dernière messe en plein air dans la vallée de Crémisan. La fin d’une longue série et l’occasion de revenir sur la situation désastreuse dans laquelle vont se trouver les habitants de cette zone après la construction d’une barrière de séparation sur leurs terres par les autorités israéliennes.
(Jérusalem/MMLV) – Jour de désarroi pour la communauté chrétienne de Beit Jala en Cisjordanie, à à peine dix kilomètres au sud de Jérusalem. Ce vendredi 24 janvier vient d’être célébrée la dernière messe dans la vallée de Crémisan. Une terre de culture et de distraction pour les habitants de cette zone, au milieu de laquelle va bientôt se poursuivre la construction du mur de séparation.
Depuis 2012, les chrétiens de Beit Jala et des environs organisaient des messes en plein air tous les vendredi après-midi. Chaque fois ils priaient pour l’arrêt de l’annexion de leurs terres par Israël, et contre le tracé de construction du mur de séparation devant priver 58 familles chrétiennes de leurs ressources. Un moyen d’action pacifique qui n’a pas suffi à mener à bien leur combat.
Le 24 avril 2013, la commission spéciale de Tel-Aviv a rejeté le recours en justice de la société Saint-Yves, en charge la défense des familles concernées. Depuis, les palestiniens de Beit Jala, ne pouvant accéder à des tribunaux internationaux, ont multiplié les recours devant la justice israélienne, pour retarder au maximum le début de la construction du mur. La décision finale doit être rendue par la Cour suprême israélienne le 29 janvier 2014.
La barrière de sécurité, que les habitants de Beit Jala surnomment « mur de l’apartheid », va également rompre le contact entre le couvent des moines salésiens et celui des sœurs salésiennes. Installés dans la vallée depuis 1891, ils sont pourtant situés à peine quelques centaines de mètres l’un de l’autre. Les sœurs salésiennes ont exprimé leur inquiétude quant à l’avenir des 450 enfants de la région qu’elles accueillent au sein de leur école. Ils risquent de ne plus pouvoir accéder aux locaux car une seule route mène encore au monastère, et les élèves devront chaque matin passer par un check-point. Ceux qui parviendront jusqu’à l’école devront étudier dans un environnement quasi carcéral, cerné de barrières militaires.
De nombreux représentants religieux de Terre Sainte, consternés par le sort imposé aux habitants de Beit Jala par les autorités israéliennes, ont tenté de lutter en vain, contre la construction du mur. «Nous avons été frustrés par cette décision injuste qui invoque le besoin de sécurité d’Israël mais aussi la difficulté de changer le parcours de la partie déjà construite du mur, qui nous place devant le fait accompli ». Avait déclaré le Patriarche latin de Jérusalem, Fouad Twal, après avoir pris connaissance de la décision de la commission spéciale de Tel-Aviv.
Les Évêques de la Coordination de Terre Sainte venus apporter leur soutien à la communauté chrétiennes du 11 au 16 janvier 2014 se sont également dits scandalisés par la situation à Crémisan. Et l’ont citée en exemple pour montrer à quel point « israéliens et palestiniens avaient désespérément besoin de ramener la paix ».
Mais cette messe, en présence de représentant des différentes confessions chrétiennes de Terre Sainte, pour être la dernière, ne devait pas sonner la fin de l’espoir, c’est pourquoi la population de Beit Jala a invité à prier encore et encore.