Alors que depuis plusieurs mois, l'État islamique en Irak et au Levant (EIIL) - groupe fondamentaliste critiqué pour sa proximité avec Al-Qaïda - fait régner la terreur dans les zones qu'il contrôle au Nord de la Syrie; d’autres mouvements de la rébellion contre Bachar al-Assad élèvent leurs voix et lancent une offensive à son encontre.
(Jérusalem/E.R) – Alors que depuis plusieurs mois, l’État islamique en Irak et au Levant (EIIL) – groupe fondamentaliste critiqué pour sa proximité avec Al-Qaïda – fait régner la terreur dans les zones qu’il contrôle au Nord de la Syrie ; d’autres mouvements de la rébellion contre Bachar al-Assad élèvent leurs voix et lancent une offensive à son encontre.
C’est par exemple le cas de l’Armée des Moudjahidines (Jeish -al Moudjahidin), un groupe récemment créé et qui via sa page Facebook vient de déclarer “la guerre à l’État islamique en Irak et au Levant”. Cette nouvelle formation armée a déjà marqué les esprits en remportant, vendredi 3 janvier, une victoire éclatante contre l’EIIL dans la ville d’Alep (prise du quartier général de l’EIIL près de l’hôpital Qadi Askar).
Pour rappel, l’EIIL, déjà actif en Irak, a pour ambition de créer un état islamique à cheval sur l’Irak, la Syrie et le Liban et fit son apparition en Syrie au début de l’année 2013. Écartant et écrasant rapidement les autres composantes de la rébellion syrienne dans les zones libérées de l’autorité gouvernementale, il se compose de plusieurs milliers de combattants pour la plupart étrangers: Tchétchènes, Libyens, Tunisiens ou Irakiens. L’EIIL s’est tristement rendu célèbre par sa brutalité sanguinaire : assassinats, enlèvements, décapitations et tortures perpétrés indifféremment contre civils et militaires.
La victoire de l’Armée des Moudjahidines, dont on ne sait que très peu de choses, modifie la donne entre les opposants du régime sur le front nord, impactant les forces de ces groupes extrémistes venus des pays étrangers. Il reste cependant très difficile à ce stade d’évaluer l’ampleur et l’efficacité de cette offensive contre les éléments les plus sectaires de la rébellion.
Selon un dossier publié par le quotidien libanais Al Akhbar, l’Armée des Moudjahidines est une formation indépendante. Bien que n’étant pas rattachée à l’Armée syrienne libre (aile modérée de l’opposition), elle s’est formée à partir de groupes locaux dans le nord du pays et peut compter sur environ 5000 miliciens. « Pour la première fois – rapporte Al Akhbar – l’EIIL fait face à la résistance d’une population locale qui a décidé de se libérer elle-même après avoir subi trop d’excès ».
La bataille de l’hôpital d’Alep a malheureusement fait plus d’une victime : l’Observatoire syrien des droits de l’Homme, organisme basé en Grande-Bretagne qui s’appuie sur un réseau de militants et de sources médicales sur le terrain, annonce plus de 700 victimes et disparus ces 9 derniers jours. Des vidéos et des photographies diffusées par Shahba press, une organisation locale d’activistes, montrent les corps sans vie de prisonniers tués par les militants de l’EIIL, mortellement blessés à la tête, alors qu’ils étaient menottés. Selon les activistes, ce mode d’exécution est similaire à celui utilisé par les Shabiha (miliciens pro-régime).
Face à cette offensive, l’EIIL a émis un message audio à l’encontre des forces qu’il juge responsables de l’attaque : «La Coalition nationale syrienne et l’armée syrienne libre ont déclaré la guerre. Sachez que nous avons des armées en Syrie et en Irak. » a expliqué Abu Mohamed al Adnani al Sham, porte-parole pour l’EIIL. Ce dernier adressait à ses hommes ce message : « Nous mettons leurs têtes à prix. Tuez-les partout où ils se trouvent ».
A quelques jours seulement de la réunion pour la paix qui se tiendra à Genève le 22 janvier, l’opposition syrienne semble dans l’impasse mais encore vive. Elle se rassemblera cette semaine à Istanbul et tranchera sur sa participation ou non à cette conférence dite « Genève 2 ».