Gaza autrement avec un poète gaziote
Que savons-nous de Gaza ? Dans les actualités il n’est question que de ses guerres, de sa pauvreté, de son gouvernement décrié. Mais Gaza se sont aussi des habitants, les Gazaouis, attachés à leur terre, désireux de vivre. Amir Hassan, poète de 23 ans, chante la Gaza qu’il aime et que nous méconnaissons.
Parler de Gaza qui nous habite avec confiance et amour, Gaza qui nous emporte au-delà des frontières sombres pour toucher les cieux sacrés, qui nous donne un sentiment d’amour ; parler de Gaza est un plaisir parfumé, une odeur de terre brune pleine de patrimoines, de trésors et surtout de pierres chargées d’événements sanglants ou de victoires.
Gaza, c’est le rêve d’une liberté attendue. C’est le château de la tolérance. C’est la grandeur d’une terre. C’est le parfum du passé. C’est l’ironie de l’histoire et l’élégance de la géographie. C’est le charme de la Méditerranée, la tranquillité de ses plages, l’air venant de la Grèce qui nous caresse l’esprit, les soirées douces du sud de l’Espagne et la musique provenant du Caire qui adoucit nos retrouvailles.
Ses jardins dans le calme de l’après-midi sont des espaces pour rêver d’une paix éternelle, d’une fontaine de jus d’orange ou de jus du bonheur
La ville où tout est beau
À Gaza, tout est beau à sa façon, même les couleurs des taxis inspirent les voyageurs. Tout a du talent, même le vent dessine sur la plage la colombe de la paix. Tout est magique, même le sable doré chante la vie.
À Gaza, loin des cris de peur et de guerre, les voix des enfants et les éclats de rire remplissent l’espace. La lumière est dans leurs yeux. L’innocence est sur leurs visages. Les petites ruelles fleuries sont pleines de joie et le jasmin rassure les passants.
À Gaza tout est résistance. Les bougies restent jusqu’au dernier mot du livre. Les belles façades des maisons résistent face aux rayons forts du soleil. Tout est tolérance, même le temps. Il fait beau le jour de la fête et les gens offrent du thé à la menthe pour récompenser l’effort ou réconforter l’oubli.
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Les oiseaux de Gaza ne connaissent pas l’interdit. Ils montent très haut dans le ciel pour rendre visite aux prophètes de Dieu et reviennent sur les toits des maisons afin de réciter des versets du Coran ou des paroles de Jésus. Ils reviennent chanter le lendemain avec espoir. Ils reviennent nous apprendre les mystères venant de là-haut.
Il faut aller voir ces anciennes églises debout, défiant le temps qui passe et ces mosquées décorées montrant la beauté du partage. Il faut aller voir ces pêcheurs et leurs bateaux colorés luttant contre l’injustice du blocus maritime et ces ouvriers à l’énergie sans fi n, qui travaillent avec bonne humeur, gardant le sourire.
Gaza ne connaît pas l’impossible
Les paysans de Gaza cultivent la terre avec tendresse et honnêteté, face aux frontières qui s’imposent. Ils plantent l’amour de la patrie au creux de la terre afin que les nouvelles générations sachent que la terre est plus chère que le temps et que dans l’horizon, il y a le courage des gens pauvres, simples, restant dignes.
Gaza n’est pas comme toutes les villes qui ne font que suivre les quatre saisons ou le programme de la mairie, Gaza invente ses propres horaires et ses propres saisons. Gaza ne connaît pas l’impossible ou la fatalité. Tous les jours, Gaza se réveille tôt, au son de ces clochers qui annoncent un nouveau jour de travail et de reconstruction.
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Il faut aller voir son centre-ville antique qui donne une leçon dans l’architecture romaine ou dans la créativité de l’Homme. Il faut aller voir les cimetières remplis jusqu’au ciel, ces tombes parlant les langues de la planète, ces âmes qui saluent les enfants de la terre et les orphelins de la guerre.
Pour connaître l’histoire de Gaza, il faut écouter les oliviers se raconter aux écoliers, le matin. Ils connaissent tous ceux qui sont passés par là. Pour connaître l’histoire de Gaza, il faut se perdre dans les grands boulevards reliant le sud au nord. Ce nord qui sent les fraises et ce sud qui sent les dattes de la Mecque. Gaza en hiver prête ses bras pour chauffer les maisons des camps. Et en été, Gaza importe de la mer un air frais qui s’engouffre dans les hôtels sur la plage ou dans les colonies de vacances.
À Gaza, tous les recoins évoquent de beaux souvenirs faisant couler des larmes de nostalgie pour un pays cher et saint et pour une enfance passée sans retour.