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65 ans après Iqrit croit encore la catastrophe réversible

Julio de la Guardia
17 mai 2013
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Mercredi 15 mai, les Palestiniens des Territoires, de Jérusalem et certains d’entre eux en Israël ont commémoré la Nakba, « la catastrophe », celle de la perte de leurs terres suite à la première guerre israélo-arabe de 1948. Cette catastrophe affecte encore aujourd’hui encore les millions de réfugiés vivant dans des camps de Cisjordanie, de la bande de Gaza et des pays voisins, mais aussi en Israël des centaines des milliers de personnes que l’on appelle les “déplacés internes”.


(Jerusalem) – Mercredi 15 mai, les Palestiniens des Territoires, de Jérusalem et certains d’entre eux Israël ont commémoré la Nakba, « la catastrophe », celle de la perte de leurs terres suite à la première guerre israélo-arabe de 1948. Cette catastrophe affecte encore aujourd’hui encore les millions de réfugiés vivant dans des camps de Cisjordanie, de la bande de Gaza et des pays voisins, mais aussi en Israël des centaines des milliers de personnes que l’on appelle les “déplacés internes”.

Les habitants de Iqrit et Biram – deux localités situées en Galilée, à quelques kilomètres l’un de l’autre, sont un exemple emblématique de ce problème.

Ces deux villages ont été évacués par la Haganah (l’embryon de l’armée israélienne) pendant la guerre. Il fut promis à leurs habitants qu’ils pourraient revenir dans les deux semaines: cette promesse ne fut jamais tenue. Pas même pour Iqrit, bien que la Cour suprême d’Israël ait déclaré en juillet 1951 que l’évacuation du village était illégale et que ses habitants avaient le droit d’y retourner. Au contraire, l’armée le Noél de cette même année 1951 détruisit toutes les maisons, épargnant seuls l’église et le cimetière. Au fil du temps ce qui reste d’Iqrit, et emblématiquement l’église, est devenu un lieu de rencontre pour les familles descendant des 500 personnes habitants du village au moment de l’expulsion.

Aujourd’hui, ces descendants vivent dispersés dans des villes comme Haïfa et des villages comme Tarsija. Mais ils continuent de célébrer les baptêmes, les mariages et les funérailles dans l’église catholique de rite grec catholique d’Iqrit, où le curé organise des activités sociales le week-end.

«Le premier samedi de chaque mois, nous célébrons une messe, l’église est pleine, et puis nous faisons différentes activités pour établir des liens entre les fidèles de la communauté», explique le père Souhail Khoury, du diocèse de Nazareth. « La Semaine Sainte cette année était un évènement : davantage de gens sont venus et c’était très agréable», ajoute ce prêtre sympathique, heureux de recevoir une délégation de diplomates de différents pays, invités à visiter la belle région.

Cette année en effet, le Centre juridique pour les droits de la minorité arabe en Israël et l’association communautaire d’Iqrit avaient invité les diplomates en poste en Israël à venir visiter les ruines de leur village afin de « comprendre les effets des politiques foncières d’Israël sur les citoyens arabes d’Israël » selon les termes de leur invitation.

Pour une partie de la troisième génération d’Iqrit, qui revendique son droit à récupérer les terres et construire une nouvelle ville, la paroisse est devenue un lieu de revendication.

Ces jeunes croient au futur de leur village. Ils ont déjà un plan d’urbanisation conçu par un cabinet d’architectes, explique le directeur de l’Association communautaire (www.iqrit.org), Nemi Ashkar. «Il y a dix mois, après un camp d’été, certains jeunes ont décidé de rester dormir ici pour réclamer leur droit au retour à la terre de leurs grands-parents», commente Ashkar. «Nous avons maintenant le droit d’être enterré dans le cimetière, mais nous voulons profiter de cette terre quand nous sommes encore en vie », ajoute-il.

La Cour suprême d’Israël a examiné de nouveau leur cas en 2001 et 2003 et leur a donné raison à chaque fois, mais sans rendre effectif leur retour. Pourtant, les descendants d’Iqrit n’ont pas perdu espoir de devenir un jour la première génération à atteindre cet objectif. Ils créeraient ainsi un précédent juridique ouvrant la voie à de nombreux autres déplacées qui récupéreraient leurs terres et propriétés laissées suite à la Nakba.

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