Le pape François va recevoir le pape Tawadros II d’Alexandrie en audience privée demain vendredi. La rencontre, l’objet du premier voyage apostolique hors des frontières égyptienne du patriarche nouvellement élu de l’Eglise copte orthodoxe, sera d’une grande importance symbolique pour la minorité chrétienne d’Egypte qui est confrontée à l’incertitude et aux troubles sociaux.
(Milan/e.p.) – Le pape François va recevoir le pape Tawadros II d’Alexandrie en audience privée vendredi. La rencontre, l’objet du premier voyage apostolique hors des frontières égyptienne du patriarche nouvellement élu de l’Eglise copte orthodoxe, sera d’une grande importance symbolique pour la minorité chrétienne d’Egypte qui est confrontée à l’incertitude et aux troubles sociaux.
Les récentes violences et discriminations à l’égard des Chrétiens du pays vont probablement occuper une bonne part des discussions entre Tawadros, le pape et les officiels du Vatican.
Mais l’apport le plus important de la visite est oecuménique, selon Mgr Johannes Ezzat Zakaria Bader, évêque copte catholique de Louxor.
« Cette rencontre donnera un bel encouragement à la charité fraternelle aux chefs de nos Eglises, nous incitant à nous rapprocher spirituellement, à renforcer le dialogue et la coopération, » a-t-il dit à Terresainte.net.
« Si l’on observe la situation politique en Egypte, on voit un manque de la stabilité et de calme, alors que dans tout le pays on se lance dans des manifestations et autres protestations, » poursuit-il. Il a ajouté que les Chrétiens et les musulmans souffrent de l’insécurité, de l’augmentation du chômage et du coût de la vie, ainsi que du manque de nourriture.
« Au milieu de tout cela, l’Egypte a eu le don de l’élection d’un nouveau patriarche copte orthodoxe, » raconte-t-il. « Tawadros II a aussitôt fait preuve dans ses discours et dans ses actes, de sagesse spirituelle, de simplicité de cœur, d’humilité d’esprit, et d’un esprit d’amour et de fraternité envers tous. »
Le pape copte a fait preuve d’une grande attention envers les catholiques et les protestants égyptiens. « Immédiatement après l’inauguration de son pontificat, Tawadros a demandé à rendre visite au cardinal Antonios Naguib qui était patriarche de l’Église copte catholique et malade depuis longtemps, » rapporte l’évêque Zakaria. « Le 19 Février, sous l’impulsion de Tawadros est né au Caire le Conseil national des Eglises chrétiennes. Un organisme par lequel les chrétiens égyptiens peuvent s’entraider. Ce qui prouve que le soutien mutuel renforce chacun, en particulier en ces jours difficiles où l’intégrisme islamique faire grandir les divisions, la discrimination et le rejet des autres. »
Le 12 mars, à l’inauguration du nouveau patriarche copte catholique, Ibrahim Isaac Sedrak, le pape Tawadros est entré dans l’histoire en prenant part à la cérémonie, en faisant une homélie sur la vocation et la mission du patriarche, et en donnant au nouveau patriarche catholique une croix pectorale et une icône.
« Sa présence à cette célébration – affirme monseigneur Zakaria – fut un événement œcuménique entre les différentes Églises chrétiennes d’Egypte, d’importance historique, un geste sans précédent, » poursuit l’évêque de Louxor, ajoutant qu’il a exprimé peu après son vœux de rencontrer le pape François. « Ce n’était pas une surprise, mais une confirmation de ce qu’il désire fermement, de son appel à préparer la voie à l’unité des Eglises. »
La raison officielle de la rencontre de Tawadros avec le pape est la commémoration du quarantième anniversaire de la Déclaration commune, signée par le pape Paul VI et le prédécesseur de Tawadros, le pape Shenouda III en 1973.
Cet accord a mené à une déclaration commune sur la Christologie en 1998, mettant fin concrètement à des siècles d’incompréhension et de défiance.
Le 30 avril, dans un entretien avec l’Agence de presse Fides, l’évêque copte catholique Boutros Fahim Awad Hanna de Minya, près du Caire, a affirmé que la rencontre de vendredi « pourrait avoir d’importants résultats positifs». Il a ajouté qu’il espérait que cela aiderait à « reprendre le fil du dialogue théologique afin de réellement marcher vers la pleine communion. »
Il a fait remarquer que la Déclaration commune prononcée sur la même foi dans la personne de Jésus Christ n’a pas eu d’ « effets concrets ».
L’évêque Hanna a confié espérer que, avec cette visite, « les récents rapprochement sur la spiritualité et la pastorale pourront être approfondis à des niveaux théologiques et doctrinaux. Et qu’ils pourront donner une chance de relancer un dialogue théologique rigoureux et respectueux, pour s’engager sur un chemin qui pourrait nous ramener un jour à une pleine union sacramentelle. »
Les tensions entre les Eglises copte et catholique remontent au cinquième siècle. Les liens se sont rompus définitivement au cours du grand schisme de 1054.
La dernière fois que les chefs des Eglises catholique et copte orthodoxe sont apparus ensemble, c’était en 2000, quand le Bienheureux pape Jean-Paul II s’est rendu en pèlerinage au Mont Sinaï, pendant le grand jubilée.
« Cet événement a été un grand moment dans le dialogue et le témoignage fraternel de notre foi commune au Christ », a rappelé le pape Benoît XVI dans son message de condoléance à l’Eglise copte orthodoxe pour la mort du pape Shenouda en mars 2012.
Le pape Tawadros, qui a été élu en novembre dernier, sera à Rome du 9 au 12 mai.