Peres invite le pape en Israël et évoque avec lui les relations de l’État avec l’Église locale
Le président israélien Shimon Peres et le pape François ont eu un échange cordial au Vatican mardi dernier, au cours duquel ils ont exprimé l'espoir d'une « reprise rapide » des pourparlers de paix entre Israéliens et Palestiniens. Peres a également invité officiellement le pape à se rendre en Israël et espère que cette visite aura bientôt lieu.
(Rome) – Le président israélien Shimon Peres et le pape François ont eu un échange cordial au Vatican mardi dernier, au cours duquel ils ont exprimé l’espoir d’une « reprise rapide » des pourparlers de paix entre Israéliens et Palestiniens.
Peres a également invité officiellement le pape à se rendre en Israël et espère que cette visite aura bientôt lieu.
Dans un communiqué, le Vatican a déclaré que les deux dirigeants ont discuté de la situation politique et sociale en Terre Sainte. Ils espèrent tous deux « des décisions courageuses et un soutien de la communauté internationale » pour parvenir à un accord de paix entre Israël et les Palestiniens.
Selon eux, un tel accord doit respecter « les aspirations légitimes des deux peuples, contribuant ainsi de manière décisive à la paix et à la stabilité de la région. »
La « question importante » de la ville de Jérusalem « n’a pas été négligée», ajoute le communiqué. Le pape et le Président Peres ont aussi fait part de leurs préoccupations particulières « pour le conflit qui sévit en Syrie. »
Les deux dirigeants ont également discuté « d’un certain nombre de questions » concernant les relations entre Israël et le Saint-Siège, et entre les «autorités de l’État et les communautés catholiques locales ».
Le verdict d’un tribunal israélien aurait pu être un des sujets évoqués : la semaine dernière, il a été décidé que le mur de séparation entre Israël et les Territoires palestiniens serait construit à travers la vallée de Cremisan (sur les propriétés foncières appartenant aux Pères et Sœurs de la communauté des Salésiens), séparant ainsi la communauté chrétienne palestinienne qui y vit.
L’Assemblée des Ordinaires catholiques de Terre Sainte (AOCTS) a jugé cette décision comme étant «injuste» et a appelé Israël à modifier le tracé du mur le long de la «ligne verte». Dans une déclaration du 30 avril signée par le patriarche latin Fouad Twal, l’AOCTS disait : « Nous rappelons aux décideurs israéliens que l’expropriation des terres ne sert pas la cause de la paix et ne renforce pas la position des modérés».
Lors de la rencontre de Shimon Peres avec le Pape, mention a également été faite des « progrès significatifs » dans les négociations bilatérales de travail de la Commission. Selon le communiqué, un accord portant sur des questions d’intérêt commun « a été apprécié et sa conclusion rapide est prévue. »
Selon un communiqué israélien publié après la réunion de mardi, Peres a averti le pape que le Moyen-Orient était en train de « se désintégrer » et que le Saint Père avait « un rôle important » à jouer pour ramener la paix dans la région et dans le monde entier.
Le président israélien a déclaré que le Moyen-Orient était en « réel danger existentiel» et a cité le «grave manque d’emploi, de nourriture et d’eau. » Si ces problèmes ne sont pas résolus, a-t-il mis en garde, « la violence et la terreur gagneront une place centrale, puisque des armes dangereuses tombent entre les mains des extrémistes. »
Peres a également parlé du danger du programme d’armement nucléaire de l’Iran et des « énormes quantités d’armes chimiques » que détenait la Syrie. Il a assuré au Pape qu’on devait empêcher l’Iran « d’acquérir des armes nucléaires » et que les armes chimiques syriennes « ne devaient pas tomber dans des mains irresponsables ».
Mais il s’est félicité de la récente réunion entre le secrétaire d’État John Kerry et des ministres des Affaires étrangères de la Ligue arabe à Washington. Il a également exprimé ses espoirs à propos des pourparlers entre Israël et les Palestiniens, sous la direction d’Abou Mazen (Mahmoud Abbas) qui, dit-il, est un « véritable partenaire pour la paix. »
Le communiqué israélien a déclaré que le pape François proposait de créer « une réunion mondiale de l’espoir » qui réunirait « les chefs de toutes les religions du monde » « pour lutter contre la violence et la terreur. » Le pape a également condamné l’antisémitisme, disant qu’il allait à l’encontre des croyances du christianisme et qu’il «devait être combattu dans tous les pays du monde et à chaque coin du globe.
Shimon Peres a salué le pape François pour l’exemple qu’il donnait, notant son humilité et son combat pour la paix : «Vous avez un rôle important dans l’avancement de la paix et dans l’espoir de la voir arriver ». «Je m’adresse à vous et vous demande, dans vos sermons devant les millions de croyants du monde, de parler de l’espoir de paix au Moyen-Orient et dans le monde entier. »
Selon lui, la gouvernance du pape « crée un nouveau sentiment d’espoir pour la paix, pour le dialogue entre les nations et pour la promotion d’une solution à la pauvreté et l’analphabétisme mondial. »
«Malheureusement, il y a beaucoup de leaders religieux au Moyen-Orient et dans le monde qui prônent la terreur et le sang, tout cela au nom du Seigneur», a-t-il dit. «Nous avons tous l’obligation de nous lever et de dire, d’une voix forte et claire, que le Seigneur ne donne à personne le droit d’assassiner et de répandre le sang. Votre voix a une grande influence à ce propos ».
Depuis son élection, le pape François ne cesse d’appeler à la paix dans la région.
Peres a profité de l’occasion pour inviter officiellement le pape François à visiter son pays. «Je vous attends à Jérusalem, non seulement moi, mais tous le peuple d’Israël », a-t-il déclaré au pape. « Le plus tôt vous visiterez le pays, le meilleur ce sera : une nouvelle opportunité naîtra alors pour la paix et votre arrivée pourrait contribuer de manière significative à la confiance et la foi dans la paix ».
S’adressant aux journalistes après l’audience, le porte-parole du Vatican, le père Federico Lombardi a déclaré que le pape « serait heureux d’aller en Terre Sainte », mais il a ajouté qu’aucun projet concret n’existait encore. La semaine dernière, le père. Lombardi informait les médias qu’il « ne fallait pas s’attendre à d’autres voyages à l’étranger cette année » que la visite du pape à Rio de Janeiro en Juillet.
L’invitation de Peres intervient quelques semaines après que Bartholomée de Constantinople, patriarche œcuménique orthodoxe, a personnellement invité le pape François se rendre à Jérusalem.
Le patriarche a suggéré que lui et le pape se rencontrent dans la ville en 2014 pour marquer le 50e anniversaire du progrès historique des relations entre catholiques et orthodoxes lorsque Paul VI et le Patriarche œcuménique Athénagoras se rencontrèrent en 1964.