Dimanche 28 avril, les scouts syriaques orthodoxes de Jérusalem ont ouvert le défilé à l’occasion du dimanche des rameaux (selon le calendrier julien) en portant un calicot sur lequel figurent les photos de deux évêques enlevés en Syrie.
(Jérusalem – Milan/ m.a.b – c.g.) – Dimanche 28 avril, les scouts syriaques orthodoxes de Jérusalem ont ouvert le défilé à l’occasion du dimanche des rameaux (selon le calendrier julien) en portant un calicot sur lequel figurent les photos de deux évêques enlevés en Syrie.
Mgr Boulos al-Yazigi, archevêque grec-orthodoxe d’Alep et d’Iskenderun (en Turquie) – (frère du patriarche grec-orthodoxe d’Antioche) -, et Yohanna Ibrahim, métropolite syriaque-orthodoxe d’Alep ont été enlevés le 22 avril par des hommes armés.
Le Proche-Orient chrétien tremblait déjà de la radicalisation des certains musulmans qui s’en prennent de plus en plus directement au christianisme, à ses symboles comme à ses fidèles, notamment en Syrie.
Avec l’enlèvement de deux évêques, les chrétiens la peur a augmenté d’un cran, le soutien aussi.
En Terre Sainte, les messages se multiplient issus de toutes les Églises pour demander à la communauté internationale qu’elle ne reste pas les bras croisés devant le drame syrien et devant le drame des chrétiens de ce pays dont certains des Nations européennes se réclament protectrices.
Pour l’Église catholique, le dernier message en date du 28 avril émane du Conseil des Patriarches Catholiques d’Orient. Alors que les Églises orthodoxes sont entrées dans la Grande Semaine qui les préparent à vivre Pâques, le Conseil demande « à tous nos fidèles dans toutes nos églises de s’unir dans la prière fidèle pour obtenir la grâce de cette libération et à tous nos évêques et curés de lire la lettre pour le dimanche des Rameaux de Sa Béatitude Jean X. Nous prions pour la paix et la sécurité en Syrie et pour qu’elle trouve une fois de plus la voie du dialogue et de la réconciliation entre les citoyens. » Et le patriarcat latin de Jérusalem de mettre un lien sur son site pour trouver l’intégralité de cette lettre. (Cliquez ici).
Pour rappel, Mgr Boulos al-Yazigi Mgr Yohanna Ibrahim, ont été enlevés le 22 avril aux envions d’Alep.
Selon Al Ortodoxia, la station de radio de l’Église orthodoxe syrienne, l’évêque Boulos se trouvait le jour de son enlèvement dans un village proche de la frontière turque, où il s’était rendu pour visiter des fidèles et apaiser les esprits agités par le conflit. Selon la radio, c’est là que l’évêque Yohanna l’a rejoint, dans sa propre voiture, conduit par un diacre qui l’assistait. Au cours du voyage de retour depuis la frontière turque, quand les deux évêques avaient presque rejoint Alep, la voiture a été bloquée par un groupe armé qui a fait descendre tout le monde. Ils ont exécuté le chauffeur et enlevé les deux évêques. Dans un bref coup de téléphone donné à l’évêché grec-orthodoxe d’Alep, les ravisseurs affirment que les deux prélats sont en vie, sans donner aucune explication sur les motifs de l’enlèvement ni formuler aucune exigence. Certains disent que le groupe qui a enlevé les deux évêques pourrait être lié à al-Nusra, une organisation qui combat en Syrie et qui est affiliée au groupe terroriste Al-Qaïda.
L’évêque Ibrahim, selon le quotidien libanais The Daily Star, s’est publiquement exposé en demandant un cessez le feu et une solution négociée au conflit. Dans une interview au Huffington Post, publiée en octobre dernier, il avait déclaré que les groupes d’opposition au régime prenaient des mesures pour le changement démocratique, il avait ajouté que « le principal problème de la Syrie, c’est le manque de liberté. Nous cherchons à avoir, tôt ou tard, une démocratie et une vraie liberté ».
Le site d’informations libanais, Yalibnan, rapporte la réaction de Samir Geagea, chef (chrétien) du parti des Forces libanaises, qui a condamné « dans les termes les plus vifs l’enlèvement des évêques, exigeant leur libération immédiate. » Geagea se serait exprimé lors d’un appel téléphonique au patriarche grec-orthodoxe Yohanna X. La réaction de Geagea pourrait peut-être faciliter la libération des otages: le parti de M. Geagea, en effet, a pris part, avec le puissant Parti de la liberté (sunnite), à l’opposition libanaise au président syrien Bachar al-Assad. Geagea a parlé de l’enlèvement comme d’un « acte de terrorisme odieux. » Il a réaffirmé par ailleurs son soutien absolu au peuple syrien dans sa lutte pour la liberté et l’autodétermination.
En Syrie, en attendant, on est sans nouvelle des PP. Michel Kayyal (arménien catholique) et Maher Mahfouz (grec-orthodoxe), kidnappés en février dernier. Autant que possible, dans un contexte difficile de guerre, les chrétiens de Syrie se mobilisent pour leurs pasteurs et ils intensifient leurs prières.
Au Vatican, le sort des deux évêques d’Alep est suivi avec appréhension. Le 23 avril, le directeur du Bureau de presse du Saint-Siège, le père Federico Lombardi, a déclaré : le pape François « suit les événements. Il participe par une profonde et intense prière pour la santé et la libération des deux évêques et pour que, avec l’engagement de tous, le peuple syrien puisse enfin avoir des réponses efficaces au drame humanitaire et de réels espoirs de paix et de réconciliation. »
Selon le témoignage du frère Georges Abou Khazen, administrateur du vicariat apostolique (latin) d’Alep, les deux évêques étaient sur le point d’aller chercher eux-mêmes les deux prêtres enlevés en février ; que les ravisseurs avaient promis de délivrer, après de longues négociations. C’est Radio Vatican qui rapporte cela. Toujours selon frère Georges, le conducteur tué était un catholique de rite latin. Le 24 avril, ont été célébrées ses funérailles.