Au Caire, des morts et des blessés chez les Coptes et les Musulmans, à nouveau à couteaux tirés
L’église copte d’Egypte a encore été sévèrement attaquée. Deux affrontements survenus entre le 5 et le 8 avril ont provoqué en quelques jours la mort de sept personnes en plus de dizaines de blessés. Des affrontements qui ont conduit le pape Tawadros II, patriarche de l'Eglise orthodoxe copte, à invoquer la justice divine. Pendant ce temps, les efforts pour réduire les tensions se poursuivent.
(Milan) – L’église copte d’Egypte a encore été sévèrement attaquée. Deux affrontements survenus entre vendredi soir et lundi matin ont provoqué en quelques jours la mort de sept personnes en plus de dizaines de blessés. Des affrontements qui ont amené le pape Tawadros II, Patriarche d’Alexandrie des Coptes orthodoxes, à invoquer la justice divine (« Nos condoléances vont aux familles de ceux qui dorment dans l’espoir de la résurrection – a tweeté Tawadros hier. La justice divine s’exprimera le moment opportun. »)
Les premières violences se sont déclenchées dans la soirée du vendredi 5 avril en l’église Saint-Georges du village de Khosous au nord du Caire, dans le gouvernorat de Qalyubiya. «Certains cheikhs ont publiquement incité les fidèles contre nous dans les mosquées – a raconté le père Suriel, de l’église Saint-Georges. Les forces de l’ordre sont arrivées tard et les combats ont eu lieu sous leurs yeux.»
Selon le quotidien copte en ligne al Watani, la violence a été déclenchée lorsque le haut-parleur d’une mosquée a exhorté les fidèles à «nettoyer la région des sales chrétiens». Le sheikh Mustafa al Agalati aurait notamment parlé au microphone.
Les musulmans ont pris d’assaut l’église, tandis que les chrétiens se sont barricadés à l’intérieur, cherchant de l’aide à travers Facebook et Twitter. Il semble que des armes à feu aient également été utilisées. Des manifestants masqués auraient brûlé la crèche gérée par l’église, ainsi que l’église baptiste et plusieurs magasins appartenant à des Coptes. Les affrontements ont entraîné la mort d’un Musulman et de quatre Chrétiens. Selon les experts du Tribunal, les Coptes auraient été tués par des armes automatiques, tirés d’en haut, atteignant les victimes à la tête, au visage ou au cœur. Les noms des quatre victimes Coptes sont Marsouq Atteya, Morkos Kamal, Victor Manqarios et Essam Zakhary, des hommes ayant entre 25 et 45 ans. Sur les vingt personnes blessées, 17 sont Coptes et trois sont Musulmanes.
Cela peut sembler incroyable, mais on ne sait pas exactement pourquoi la violence a éclaté. Selon un prêtre de Khosous, les affrontements viendraient de la dégénérescence d’un conflit entre une famille chrétienne – vivant dans un quartier avec une forte présence de Salafistes – et une famille musulmane : Un groupe de Salafistes aurait molesté une femme chrétienne, affirmant qu’elle n’était pas habillée décemment; les Coptes auraient appelé la police et les Salafistes auraient alors juré de se venger. Selon une seconde version, les affrontements auraient été provoqués par des violences subis par une femme copte. Un autre témoin, cependant, fait référence à certains écrits outrageux contre l’Islam dessinés sur le mur d’une mosquée. Quinze personnes soupçonnées d’avoir pris part aux violences ont été arrêtées pour être interrogées selon les dispositions du tribunal local.
La deuxième vague d’affrontements produite entre la soirée du dimanche 7 et la matinée du lundi, est une conséquence de la première. En effet, dimanche soir, les funérailles des quatre Chrétiens tués à Khosous ont été célébrées à la cathédrale copte du Caire. A la fin de la procession, des dizaines de jeunes se seraient rassemblés proposant de marcher jusqu’au siège du ministère égyptien de la Défense, pour demander à l’armée une plus grande protection. Cependant avant même que la procession ne commence à se déplacer, des opposants musulmans ont lancé des cocktails Molotov contre les Coptes. Ce qui a entraîné l’intervention de la police et le début des affrontements, au cours desquels il y a eu deux morts et plus de 80 blessés. Les grilles de la cathédrale ont été déracinées.
Selon le journal israélien Haaretz, Anba Moussa, l’archevêque en charge de la pastorale des jeunes a expliqué que les tensions sectaires qui éclatent en Égypte nécessitent un effort politique, diplomatique et sécuritaire. Un fort engagement social est aussi indispensable pour prévenir la propagation de la violence qui pourrait déstabiliser le pays. Le religieux a également ajouté que les forces de sécurité n’ont pas agi correctement et n’ont pas pu empêcher les assaillants d’attaquer l’Eglise. Il a enfin soutenu que ces forces de sécurité, sympathisants des assaillants des Frères musulmans, ont tiré des gaz lacrymogènes à l’intérieur de l’enceinte de la cathédrale.
La nouvelle de ces violences a provoqué l’indignation et l’inquiétude au niveau international: depuis son siège à Genève, le Révérend Olav Fykse Tveit, Secrétaire général du Conseil œcuménique des Eglises, a condamné ces attaques invitant les dirigeants politiques et religieux égyptiens à promouvoir des messages d’harmonie et d’amitié. Pour apaiser les tensions, le président égyptien Mohammed Morsi a appelé le patriarche Tawadros II au téléphone lui faisant part de son affliction. Morsi a déclaré à Tawadros qu’il considère tout dommage causé à l’Eglise comme un affront personnel pour lui et son bureau, indiquant qu’il avait immédiatement ordonné une enquête afin de traduire les auteurs en justice.
Au milieu de tout ce désastre, le site copte al Watani signale malgré tout une bonne nouvelle: après les attaques de vendredi, les efforts se sont multipliés tant du côté des autorités que des simples gens pour rétablir la paix dans le quartier populaire de Khosous. Adel Zayed, le gouverneur du district, est en contact avec l’évêque Anba Morqos afin d’œuvrer ensemble à la fin des tensions. De nombreux habitants de Khosous, chrétiens comme musulmans, se sont aussi réunis pour manifester ensemble en faveur de la paix.