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Troubles en Égypte: se faire justice, une tentation trop souvent mise en pratique

Terrasanta.net
20 mars 2013
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En Égypte, la violence et l'agitation continue du pays (qui dure depuis plus de deux ans) mettent en évidence l'incapacité de la police à gérer l'ordre public. Elle est critiquée d’une part pour son usage de la violence et d’autre part pour son incapacité à faire face à des révoltes locales.


(Milan/c.g.) – Dimanche 17 mars, dans le village de Mahla Zeyad, deux hommes ont été sauvagement lynchés et pendus par les pieds par la foule en colère alors qu’ils avaient été surpris à voler. Les policiers ne sont pas arrivés à temps pour les sauver. Ils étaient coincés dans les embouteillages. La circulation était paralysée par une manifestation contre la hausse du prix de l’essence.

Cet épisode, extrême, donne une idée de ce qui se passe aujourd’hui en Égypte: la violence et l’agitation continue du pays (qui dure depuis plus de deux ans) mettent en évidence l’incapacité de la police à gérer l’ordre public. Elle est critiquée d’une part pour son usage de la violence et d’autre part pour son incapacité à faire face à une telle révolte.

Devant le manque manifeste de protection, se faire justice soi même est une tentation dont les passages à l’acte sont en augmentation dangereuse. C’est un phénomène grave, qui peut mener le pays à l’anarchie. Et à l’affirmation violente d’un pouvoir fort, peut-être militaire.

Au cours des deux dernières semaines, au moins 60 postes de police et 10 centres des forces de sécurité ont pris part aux grèves qui ont eu lieu à la chaîne pour protester contre les conditions dans lesquelles les agents sont obligés de travailler depuis des mois. La grève de la police a commencé au milieu de la révolte sanglante de Port-Saïd, le 6 mars, lorsque les agents de la centrale de sécurité d’Ismaïlia ont refusé d’être déployés à Port-Saïd pour soulager leurs collègues, qui, exaspérés par des jours de violentes protestations et d’affrontements, avaient laissé sur le sol cinq morts et des centaines de blessés.

Les grèves, même si elles ont impliqué «seulement» 8 000 des 300 000 agents publics égyptiens sont les premières depuis 1986 et elles ont attiré l’attention de l’opinion. Alarmé peut-être par la situation, le procureur général du Caire, Abdel-Meguid Mahmoud, a déclaré que «les fonctionnaires peuvent exercer le droit mis à leur disposition par l’article 37 du Code de procédure pénale égyptien c’est-à dire d’arrêter quiconque est surpris en flagrant délit pour le remettre à la police. » Déclaration qui, dans l’état de confusion actuel de l’Egypte, a ouvert la voie à la formation de milices populaires, une occasion saisie par certains partis musulmans.

C’est ainsi que, la semaine dernière déjà, le mouvement Jama’a al-Islamiya et les Frères musulmans ont annoncé qu’ils travaillaient sur la formation de milices aux fonctions de police avec un troisième groupe islamique. Ahmed al-Iskandarani, porte-parole du parti pour la Construction et le Développement de Jama’a al-Islamiya, a cependant expliqué que la milice n’interviendrait pas dans le cas où la police aurait été déployée dans les rues. Mais que, si la grève devait continuer ou si la police devait se retirer lors de manifestations, ces «citoyens de l’ordre» se devront de se manifester, sous la supervision du ministère de l’Intérieur. «Le système – dit al-Iskandarani – est déjà appliqué dans d’autres pays. » « Les mouvements islamiques sont capables de remplacer la police – a déclaré Yehia al-Sherbini, coordinateur du Mouvement des rebelles musulmans : on peut arrêter les bandits et les amener à la police ou à l’armée. Nous avons déjà commencé à nous organiser à Assiout et à Minya».

Jama’a al Islamiya toujours a lancé un appel à tous les partis politiques pour former ensemble des comités populaires. Selon le mouvement, en l’absence de la police, l’armée ne devrait jamais intervenir pour maintenir l’ordre public car son intervention pourrait plonger le pays dans une situation similaire à celle de la Syrie et de la Libye.

Bien sûr, l’armée égyptienne pense différemment. Le journal al-Ahram, à cet égard, cite une source militaire anonyme selon laquelle la formation de « milices privées » pourrait conduire à la guerre civile: «L’armée n’acceptera rien qui pourrait mettre en danger la sécurité nationale. L’armée ne soutient aucune force politique, mais cette position ne peut pas justifier que des milices se forment. » La source anonyme conclue qu’une telle mesure «pourrait conduire l’armée à intervenir. »

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