Depuis un mois, les recoins du Saint-Sépulcre abritent de grandes toiles, peintes ou encore blanches. Si elles passent souvent inaperçues parmi les échafaudages, les pèlerins sont nombreux à s’arrêter, quelques instants, devant un spectacle inhabituel ici : en toute discrétion, un artiste peint les deux lieux les plus saints de la basilique de l’Anastasis, le Calvaire et le Tombeau.
(Jérusalem/l.c) – Depuis un mois, les recoins du Saint-Sépulcre abritent de grandes toiles, peintes ou encore blanches. Si elles passent souvent inaperçues parmi les échafaudages, les pèlerins sont nombreux à s’arrêter, quelques instants, devant un spectacle inhabituel ici : en toute discrétion, un artiste peint les deux lieux les plus saints de la basilique de l’Anastasis, le Calvaire et le Tombeau. Ce peintre, c’est Vyacheslav Chebotar, un orthodoxe venu de Russie.
Avec quelques mots de français et plus encore de gestes, Vyacheslav accepte de faire comprendre son travail.
Entré avec un visa de tourisme, il consacrera l’essentiel de son séjour à son véritable travail, la peinture. Il savoure la chance, la grâce même – dit-il – qu’il a de peindre l’endroit ou le Christ est mort et ressuscité sur les lieux du mystère : « Ça n’a pas été simple d’obtenir l’autorisation, mais je connais bien les chrétiens, les Grecs-Orthodoxes et les Catholiques. » Pour ces derniers, il a déjà réalisé un portrait du pape Jean-Paul II.
Son projet : réaliser deux polyptyques, un pour le Tombeau, maintenant achevé, et un pour le Calvaire, en cours de réalisation. Ce sont des pentaptyques plus exactement, c’est-à-dire un ensemble de cinq panneaux peints et liés entre eux. Cette représentation en plusieurs tableaux, qui s’inscrit dans une longue tradition chrétienne, lui permet de souligner les scènes majeures et ce qui est plus anecdotique.
Dans chacun des pentaptyques, le panneau central, plus large, interprète la foi du lieu, les quatre autres panneaux périphériques représentent et évoquent l’atmosphère du Saint-Sépulcre. Le peintre définit sa peinture comme réaliste et sa technique d’inspiration comme impressionniste.
Pour Vyacheslav, c’est une peinture à la fois architecturale et religieuse : il s’agit de reproduire fidèlement le Saint-Sépulcre mais aussi d’évoquer les mystères de la foi chrétienne comme la Rédemption et la Résurrection. Par exemple, l’artiste apporte un soin particulier au traitement de la lumière dans chacune des toiles : toujours verticaux, les rayons tombant du ciel sont le signe de la transcendance divine. Ces rayons embrasent l’encens que les prêtres font monter vers lui, comme pour signifier l’attention que Dieu porte aux prières des hommes, mime-t-il de façon évocatrice.
Et le Saint-Sépulcre lui permet de méditer tout en peignant, ce qui compense les conditions de travail assez rudimentaires : il ne doit pas occuper de place trop importante et doit composer avec les moyens du bord et la foule des pèlerins et touristes qui lui bouchent parfois son champ de vision. Sa palette est à même le sol. Et il n’est évidemment pas question d’apporter un éclairage quelconque car l’artiste ne doit pas se faire remarquer. Une discrétion dont Vyacheslav est coutumier puisqu’il n’a jamais peint que des églises ou des monastères. Ainsi, a-t-il déjà travaillé au monastère du mont Athos en Grèce qu’il avait représenté dans un triptyque moins figuratif. Son public est principalement religieux : il exposera d’abord ses toiles au patriarcat grec orthodoxe de Jérusalem puis dans une galerie d’art de Saint-Pétersbourg. Ce qu’il fera de ses toiles après les expositions ? Il ne le sait pas encore… Peut-être les vendra-t-il avant de repartir pour une autre basilique ou un monastère…