Actualité et archéologie du Moyen-Orient et du monde de la Bible

Ce qui se passe en Syrie est décisif pour l’avenir du Moyen-Orient

Edward Pentin
10 septembre 2012
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Le pape Benoît XVI doit se rendre au Liban du 14 au 16 septembre pour remettre l’exhortation apostolique, document conclusif du Synode de 2010 sur le Moyen-Orient. Sa visite intervient à un moment particulièrement délicat pour la région, marquée par le conflit syrien et par des tensions persistantes, entre Israël et l’Iran en particulier. Au cours d’un entretien avec Terrasanta.net le 4 septembre, le père Pierbattista Pizzaballa OFM, Custode de Terre Sainte, nous a livré son analyse au sujet des conséquences possibles de cette visite, de la situation actuelle au Liban et des raisons pour lesquelles les effets du conflit en Syrie s’étendent à l’ensemble du Moyen-Orient.


(Rome) – Le pape Benoît XVI doit se rendre au Liban du 14 au 16 septembre pour remettre l’exhortation apostolique, document conclusif du Synode de 2010 sur le Moyen-Orient. Sa visite intervient à un moment particulièrement délicat pour la région, marquée par le conflit syrien et par des tensions persistantes, entre Israël et l’Iran en particulier. Au cours d’un entretien avec Terrasanta.net le 4 septembre, le père Pierbattista Pizzaballa OFM, Custode de Terre Sainte, nous a livré son analyse au sujet des conséquences possibles de cette visite, de la situation actuelle au Liban et des raisons pour lesquelles les effets du conflit en Syrie s’étendent à l’ensemble du Moyen-Orient.

Dans le contexte actuel, la visite du Pape dans la région est-elle sage et sans danger ?
Le voyage du Pape est absolument sans danger et ne pose aucun problème. L’ensemble des factions et mouvements en présence voient la visite du Pape d’un bon œil.

Quelle importance la visite du Pape et la remise de l’exhortation apostolique revêtent-elles pour la région en ce moment ?
Je ne crois pas que l’exhortation apostolique va provoquer des changements immédiats. Comme pour tous les documents, ses effets se feront sentir avec le temps, petit à petit. La contribution apportée par certains documents, tels ceux du Synode [sur le Moyen-Orient en 2010], est progressive, au fur et à mesure que les gens, et les prêtres en particulier, prennent mieux conscience de leur existence. La visite aura toutefois un impact majeur sur l’opinion publique et dans les médias qui couvriront l’évènement : elle contribuera à créer une attitude plus positive vis-à-vis des chrétiens et de l’Eglise.

Jean-Paul II avait déclaré à propos du Liban qu’il était un « message » de pluralité et de coexistence. Dans quelle mesure cela reste-t-il vrai aujourd’hui ?
Comme en toutes choses, surtout au Moyen-Orient, ce n’est jamais tout blanc ou tout noir. Le Liban a toujours été un modèle réduit et complet du Moyen-Orient, bien qu’il ait beaucoup changé ces derniers temps. Personne ne peut nier qu’il y ait des problèmes, qui se reflètent d’ailleurs tragiquement dans la sphère politique, avec des divisions qui semblent paralyser le pays. Il est important, toutefois, de dire que la communauté chrétienne libanaise souffre de divisions en son sein, ce qui rend le dynamisme politique parfois difficile. En bref, la pluralité et la coexistence demeurent des caractéristiques essentielles de la vie au Liban où les périodes d’apaisement alternent avec les périodes de tensions.

Dans quelle mesure les effets du printemps arabe sur les chrétiens du Moyen-Orient vous préoccupent-ils en tant que Custode ?
Ce que l’on appelle le « printemps arabe » a un effet perturbateur sur tout le monde au Moyen Orient, pas uniquement sur les chrétiens. On peut dire que la situation des chrétiens est en quelque sorte un révélateur, un point de référence important pour comprendre ce qui se passe et dans quelle direction les choses évoluent. En ce moment, ma principale préoccupation en tant que Custode, ce sont mes frères qui vivent en Syrie et les communautés qui leur sont confiées. Ces derniers temps, les contacts sont devenus plus difficiles et la situation s’est terriblement détériorée. Certains de nos couvents et de nos paroisses sont maintenant remplis de réfugiés qui ont fui leurs maisons, d’autres ont été rendus inutilisables par le conflit. La situation est hors de contrôle. On voit ici que la violence n’est jamais une solution et qu’elle provoque de très profondes blessures qu’il est difficile de soigner ensuite. C’est pourquoi la petite communauté chrétienne va certainement subir une nouvelle diminution du nombre déjà réduit de ses membres.

Quel est votre pronostic concernant la situation en Syrie et ses effets pour les chrétiens de la région ?
Ce qui se passe en Syrie est décisif pour l’avenir du Moyen-Orient et pour celui de la communauté chrétienne. Ce conflit est perçu par tous (à juste titre) comme celui qui déterminera les fondations de l’avenir du Moyen-Orient : chiites/sunnites, chrétiens, Est/Ouest, positions opposées au sein de la communauté internationale et parmi les pays arabes… Toutes ces questions restent actuellement en suspens, chacun attendant de voir ce qui va se passer en Syrie. Ou plus exactement, c’est en Syrie que seront tranchées un grand nombre de ces questions. S’il n’y a pas d’intervention extérieure, comme cela est malheureusement à craindre, les Syriens pourront recoller eux-mêmes les morceaux du puzzle de leur pays. Plus le conflit se prolonge, plus il dure, plus il sera difficile d’apaiser les divisions, en particulier aux dépens des chrétiens, qui tendent à émigrer. 

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