Un haut responsable du Vatican a déclaré que la position du Saint-Siège sur Jérusalem-Est reste «inchangée». Cette déclaration intervient alors que des voix palestiniennes aient fait connaître leurs craintes. Selon elles, les derniers pourparlers entre Israël et le Saint-Siège, au sujet des taxes et droits de propriété de l’Église, pourraient implicitement reconnaître la souveraineté israélienne sur des territoires occupés par Israël depuis la guerre de 1967.
(Rome / ep) – Un haut responsable du Vatican a déclaré que la position du Saint-Siège sur Jérusalem-Est reste « inchangée ». Cette déclaration intervient alors que des voix palestiniennes aient fait connaître leurs craintes. Selon elles, les derniers pourparlers entre Israël et le Saint-Siège, au sujet des taxes et droits de propriété de l’Église, pourraient implicitement reconnaître la souveraineté israélienne sur des territoires occupés par Israël depuis la guerre de 1967.
Mgr Ettore Balestrero, sous secrétaire pour les rapports avec les États, a déclaré à Radio Vatican mardi 12 juin, que les discussions sur l’Accord fondamental « regardent la vie, les activités et le statut fiscal de l’Église catholique en Israël, en dehors de tout contentieux territorial. »
« Nous ne parlerons pas de Jérusalem-Est ni d’aucuns lieux de la Cisjordanie », a- t-il réaffirmé.
Interrogé plus spécifiquement la position du Saint-Siège au sujet de Jérusalem-Est, il a répondu: « La position du Saint-Siège n’a pas changée. Elle est exprimée dans l’Accord de base entre l’OLP et le Saint-Siège et elle le sera dans l’Accord global en phase d’élaboration.»
Mgr Balestrero, négociateur en chef du Vatican avec Israël dans la commission permanente bilatérale de travail entre le Saint-Siège et Israël, qui a pour but de finaliser un accord sur les taxes et les droits des propriétés de l’Église en Terre Sainte, s’est exprimé après la réunion plénière de la commission qui s’est tenue les 11 et 12 juin au Vatican.
Les jours précédant cette réunion, des officiels palestiniens ont exprimé leurs préoccupations au sujet d’une concession possible du Vatican sur Jérusalem-Est. Ils ont fondé leurs craintes sur un présumé brouillon d’un projet d’accord en cours d’élaboration dans le cadre des négociations, brouillon qui n’a pas pu être authentifié de manière indépendante.
Ils ont également fait part d’inquiétudes selon lesquelles la reconnaissance d’un droit israélien à imposer une législation nationale dans les territoires contestés avec les Palestiniens serait contraire à la Quatrième Convention de Genève qui, entre autres dispositions, réglemente les pouvoirs d’une force d’occupation sur le territoire qu’elle contrôle.
Les membres de la Coalition Nationale des Organisations chrétiennes, un groupe ecclésial palestinien, a écrit une lettre au pape Benoît XVI le 10 juin, l’avertissant que si le Vatican reconnaissait les territoires cela serait un «dangereux précédent» et constituerait un « sérieux revers à l’encontre du respect des droits politiques et humains de tous les Palestiniens. »
Interrogé sur le prétendu projet d’accord, Mgr Balestrero a voulu mettre fin à la «confusion et l’alarme » en parlant de l’« utilisation indue d’un texte de travail qui est dépassé depuis un certain temps, et est, en tout cas, toujours en cours d’élaboration.»
Il a souligné que depuis le début des négociations, il était entendu que tout accord futur comprendrait une liste de propriétés individuelles appartenant au Saint-Siège, et certaines institutions de l’Église catholique en Terre Sainte qui sont depuis des années sujettes à de fortes impositions de la part de l’État d’Israël.
« Il est vrai aussi » a-t-il ajouté qu’en tentant « de résoudre des problèmes concrets, il a été décidé de négocier dans l’Accord que de propriétés qui ne sont ni à Jérusalem Est ni en Cisjordanie. Il est donc inexact de dire qu’avec cet accord le Saint-Siège violerait la Convention de Genève sur la protection des civils en temps de guerre.»
Dans un communiqué publié après la réunion, le Vatican a déclaré que « Les travaux se sont déroulés dans un climat constructif » et que la commission avait fait état « d’une avancée vers la conclusion du document ».
S’agissant des rumeurs selon lesquelles l’accord devait être signé aujourd’hui, Mg Balestrero a dit que cela n’était «pas à l’ordre du jour », ajoutant que « si des progrès ont été enregistrés, il reste des questions à résoudre. »
En réponse à une autre question demandant si l’accord final porterait atteinte aux accords passés par le passé par la France, l’Italie et d’autres pays avec l’État d’Israël, et ainsi défavoriser certaines de leurs institutions nationales opérant en Israël, Mgr Balestrero a dit que ce n’était « pas exact.»
« Notre accord n’aura aucune incidence avec ceux qu’Israël a conclu avec d’autres États, dont la validité dépend avant tout des deux parties et non de l’existence d’un accord d’une partie avec un tiers, le Saint-Siège en l’occurrence. Il s’agit d’un principe du droit international communément admis», a-t-il affirmé.
La déclaration de la commission bilatérale a conclu en remerciant le délégué apostolique à Jérusalem et en Palestine, Mgr Antonio Franco, et l’ambassadeur d’Israël au Saint-Siège, Mordechay Lewy, pour leur « service exemplaire ». Les deux diplomates prendront bientôt leur retraite.
La prochaine réunion plénière de la commission bilatérale aura lieu le 6 décembre 2012 au ministère israélien des Affaires étrangères.