Le Pape Chénouda III, 117e successeur de saint Marc sur le trône papal d'Alexandrie, est mort le 17 mars à l’âge de 88 ans. A défaut de conclave, de cardinaux et de fumée blanche comment l’Eglise copte va-t-elle se choisir un nouveau pape ?
Depuis Héraclas évêque d’Alexandrie mort en 247, tous les évêques d’Alexandrie portent le titre de «Papas», Pape. Pourtant, malgré l’homonymie, l’élection du Patriarche copte-orthodoxe est bien différente de celle du pontife romain. Pas de conclave, de cardinaux et de fumée blanche pour annoncer l’élection du nouveau Pape copte.
Après les premières semaines de deuil, les coptes attendent maintenant avec impatience l’élection du successeur de Chénouda III, mort le 17 mars 2012. C’est une loi, écrite en 1957 qui régit l’élection de l’autorité la plus haute de l’Église copte. Cette loi est composée de quatre chapitres et de 20 articles. Elle définit les formes de l’élection, le statut des candidats et celui des électeurs.
Sur la base de ce règlement, deux comités ont été constitués à la mort de Chénouda: un pour accueillir les candidatures au trône patriarcal et un autre pour inscrire les électeurs.
Le premier comprend 18 membres dont 9 évêques membres du Saint Synode et 9 laïcs, dont une femme, choisis parmi les notables du conseil communautaire – appelé maglis milli – et dans le bureau des Waqfs (chargé des biens de l’Église copte). Celui-ci, présidé par anba Bakhomius qui assure l’intérim sur le siège patriarcal, comprend parmi ses membres quatre conseillers en droit.
L’autre, pour inscrire les noms des électeurs, est formé de 5 personnes : trois évêques et deux laïcs.
Mercredi 16 mai, les évêques du Synode de l’Église copte orthodoxe ont tenu une conférence de presse, annonçant les dernières décisions du Synode au sujet de l’élection du futur Patriarche.
Le Saint Synode a décidé d’enregistrer les demandes d’inscription de candidats au trône patriarcal jusqu’au 19 mai. À ce jour, les candidats sont au nombre de 18 : 8 évêques et 10 moines. Ce nombre a incité le Saint Synode à étendre la période de vérification de la conformité des candidatures jusqu’au 26 mai.
Un débat animerait les couloirs du patriarcat. Suite à une lettre envoyée par l’évêque copte de Los Angeles (USA), anba Serapion , cosignée par des prêtres de son diocèse et par des fidèles, suivant des ordonnances ecclésiastiques très anciennes, un évêque ne pourrait pas candidater au motif qu’il est attaché à vie avec son diocèse et ne pourrait être transféré.
Mais il semble que le Saint Synode ait décidé de n’écarter personne. Il accepte même de recevoir des demandes de la part de tiers pour inscrire un nom sur la liste des candidats. Ce sera au comité d’étude des candidatures de trancher au cas par cas sur la validité.
Le 29 mai, une première liste des votes obtenus par les différents candidats sera rendue publique. Le 30, soit le lendemain, le saint synode se réunira et réduira, selon les statuts la liste des candidats au nombre de sept.
Anba Beniamin, évêque de Menoufiyya, qui lisait le communiqué de presse a également annoncé que l’inscription des électeurs durerait jusqu’au 30 juin. Il a ajouté que cinq membres du Synode de l’Église éthiopienne participeraient aux élections ainsi qu’à l’intronisation du prochain patriarche.
Le synode a aussi décidé de former un comité de cinq personnes : deux évêques, une femme et un spécialiste de droit canon pour étudier la possibilité de donner aussi des voix électives à des représentant de l’Église érythréenne.
En dépit de ce système électoral complexe, trois candidats font déjà figures de favoris.
Anba Moussa, 74 ans, chargé de la pastorale des jeunes, il est très populaire auprès d’eux qu’il a engagé à s’investir dans la vie publique en partenariat avec des associations de jeunes musulmans. C’est toute la vie copte spirituelle, culturelle et économique qu’il entend favoriser.
» Dès le début de la révolution égyptienne, il s’était fendu de deux tribunes dans la presse pour soutenir la révolte du 25 janvier 2011, avant même la chute de Moubarak. » rapporte le site du journal La Vie.
Anba Bishoy, 70 ans, actuel secrétaire du Saint-Synode. Soutien déclaré de Jamal Moubarak, fils du président déchu, il n’a jamais eu un mot de soutien pour la révolution. Il est aussi connu pour son intransigeance dans le dialogue œcuménique ou interreligieux s’attirant la foudre de nombre de musulmans qu’il tient pour des « invités » en Égypte dont il rappelle la nature essentiellement copte.
Anba Youanis, 52 ans, était le secrétaire, l’ami et le confident du pape Chenouda III. Eminemment spirituel, il est bien introduit au sein du gouvernement actuel. La rumeur court qu’un moine du monastère Saint-Paul aurait prophétisé son accession au siège pontifical après Chenouda.
Quant à anba Moussa, évêque tant aimé par les jeunes et aussi par les musulmans, il a fait savoir vendredi 18 mai que sous la pression de ses partisans, malgré son continuel refus motivé par son état de santé, son âge et le sentiment qu’il a de son indignité d’être successeur de son maître, il acceptait que son nom soit inscrit sur la liste des candidats. Dans sa déclaration il a dit « se confier totalement à la volonté de Dieu ». D’après les médecins, rapporte le journal «Watani», la santé du prélat, âgé de 74 ans, ne l’empêche pas de remplir les taches de la charge patriarcale. Inutile de souligner la joie que cette nouvelle a suscité chez les jeunes qui avaient créer des sites internet pour appuyer la candidature de ce prélat tant aimé pour son sourire, son calme, ses connaissances, sa sagesse, ses liens avec le monde musulman.