Alors qu'ailleurs dans les Territoires palestiniens les manifestations marquant la Journée de la terre du 30 mars ont été assez violentes, devant la Porte de Damas donnant accès à la Vieille Ville de Jérusalem, la police a relativement rapidement maîtrisé la situation, non sans procéder à quelques arrestations.
(Jérusalem/f.h) – « Jour de la Terre, rendez-nous nos terres ! » entend-on depuis ce midi aux abords de la vieille ville de Jérusalem. Rassemblés de l’autre côté de la rue qui donne sur la porte de Damas, les bras brandissant des drapeaux palestiniens s’agitent. « Rendez-nous nos terres, nos prisonniers ! »
Ce sont les femmes qui sont à la tête du mouvement. Portant leurs voix au plus haut, elles mènent la manifestation en revendiquant des droits qu’elles estiment bafoués. La foule suit : hommes et femmes, enfants et adolescents, jeunes et moins jeunes. Ensemble, ils dénoncent la colonisation, les terres confisquées, les oliviers arrachés, les maisons démontées. En face, des dizaines de militaires et policiers israéliens sont prêts à agir au moindre dérapage. Plus armés qu’habituellement, ils regardent les manifestants à travers la visière de leur casque.
La célébration du jour de la Terre remonte à 1976. Cette année là, en février, le gouvernement israélien confisqua 25 000 dunums de terres en Galilée. En réponse, de nombreux arabes israéliens répliquèrent par une grève générale, organisée le 30 mars. La présence de l’armée avait alors rapidement transformé la grève en manifestation, puis en révolte. Le bilan de la journée avait alors été de 6 morts, d’une centaine de blessés et de centaines d’arrestations (selon les autorités palestiniennes). Depuis, chaque année, les Palestiniens commémorent la journée de la Terre le 30 mars. Ceux de Cisjordanie organisent une grande marche vers Jérusalem, dont la progression est bloquée aux check points. Cette année, les autorités parlent d’une soixantaine de blessés à Qalandiya, le check point situé entre Jérusalem et Ramallah.
Judeh Abu Said, qui travaille pour le Programme Œcuménique d’Accompagnement en Palestine et Israël (EAPPI), suit l’action depuis ce matin. « Je dirais que la manifestation est à 98% pacifique, pour ma part à part une pomme jetée et une bouteille cassée, je n’ai pas vu de violence ». Il oublie de mentionner les quelques pierres qui ont été lancées, mais il est vrai que dans l’ensemble la manifestation est pacifique. « Les années précédentes, la manifestation était plus violence » rapporte un Palestinien. Aujourd’hui, c’est sur les visages que se lit la violence.
Lorsque les manifestants se décident à traverser la route pour se rendre vers la porte de Damas, les militaires renforcent leur vigilance. La foule s’arrête sur les marches de la porte de Damas et reprend les slogans d’une seule voix. « Ouvrez nous les portes ! ». Bloqués par la police et l’armée, de nombreux palestiniens n’ont pu se rendre à la mosquée Al-Aqsa où ils désiraient prier ce matin comme chaque vendredi. Soudain, les militaires se mettent à courir vers les manifestants. Quelques détonations servent à éparpiller la foule.
Quelques instants après, un bus israélien passe aux abords de la porte de Damas. Plantée devant le bus et l’empêchant de passer, une femme brandit le drapeau palestinien. Une foule se forme à peine, que deux policiers montés sur leurs chevaux arrivent et chargent à nouveau la foule.
Quelques minutes plus tard, deux adolescents empoignés par les militaires sont emmenés vers une voiture de police. Il y aura plusieurs autres arrestations musclées.
Peu à peu, les manifestants rentrent chez eux. Puis le shofar sonne, c’est l’heure du shabbat. Place aux juifs qui se rendent au mur des Lamentations pour prier… en paix.