Ça y est ! Depuis ce matin, les visages des hiérosolymites peuvent enfin se parer d’un grand sourire : il neige enfin sur Jérusalem ! Certains commençaient en effet à perdre patience.
(Jérusalem/f.h.) Vendredi dernier, le grand jour était annoncé pour le lendemain. Non, il ne s’agissait pas de l’arrivée du Messie, ni d’une déclaration de guerre entre Iran et Israël. Il était en fait prévu qu’il tomberait du ciel sur Jérusalem… de gros flocons !
Excepté dans le Nord d’Israël et particulièrement sur le mont Hermon qui attire des milliers de vacanciers chaque hiver, c’est chose rare dans la région que de voir les paysages couverts d’un manteau blanc.
À Jérusalem, les dernières neiges sont tombées il y a trois ans ! Alors, à l’annonce de cet événement, nombreux étaient les enfants qui s’étaient mis à rêver… et à se préparer. Achat de gants, recharge des batteries de caméra, projet de faire l’école buissonnière pour batailler avec les copains, si les écoles ne décidaient pas de fermer d’elles-mêmes. Comme il était amusant d’observer tous ces visages radieux ! Même les plus grands étaient excités, et pour une fois on peut penser que les discussions au bureau n’étaient pas portées sur la politique mais sur la météo. Neigera, neigera pas ?
Neigera pas. Samedi, à l’aube, ces mêmes visages avaient affiché une mine bien déconfite en tirant les rideaux. Rien, nada, wala eshi, kloum, pas un flocon ! Durant la nuit, les cieux s’étaient contentés de faire tomber des grêlons et quelques coups de tonnerre avaient grondé au dessus de la ville trois fois sainte. Mais pas de quoi justifier les combinaisons de ski… Il n’a fait que pleuvoir et comme on avait déjà eu 29 jours de pluie en janvier…
Comble de l’histoire, il avait bien neigé à Hébron, à une trentaine de kilomètres au sud de Jérusalem ! C’est dans cette ville que se trouve le tombeau des Patriarches, comme celui d’Abraham et de sa femme Sarah, celui d’Isaac et de Rebecca ou encore celui de Jacob et de Léa. Depuis 1967 et la prise de contrôle israélien sur les Territoires occupés, le site est devenu un lieu de confrontations sévères entre quelques centaines de colons israéliens et une centaine de milliers de Palestiniens.
Victimes d’une situation pesante, acteurs d’une vie quotidienne difficile. Et en plus de ca, les Hébronites sont aussi des têtes de turcs ! Si en France on s’amuse des blondes et/ou des Belges, et bien en Palestine on s’amuse des gens d’Hébron. Les habitants de cette cité, qui est l’une des plus anciennes du Proche-Orient encore habitée aujourd’hui, sont notamment raillés pour leur accent atypique et leur vitesse de parole… lente… comme… ça…
Parallèlement, les Hébronites sont aussi très connus pour leur sens aigu du business et les commerces les plus florissants sont souvent entre leurs mains. Les relations entre la Chine et Hébron sont notamment relativement bien développées.
Alors, pour se réconforter samedi dernier, les hiérosolymites s’en prenaient aux Hébronites sur le chemin de l’école ou du travail. « Ils ont acheté de la neige à la Chine ! » entendait-on parfois s’écrier un passant.
Aujourd’hui, finies les attaques verbales. Les bureaux sont désertés. Place aux batailles de boules de neige !