Une pièce d'or datant du Vème siècle représentant l'empereur romain d’Orient Théodose II a été découverte en Galilée, près d'un sentier qui commémore le Sanhédrin (l’ancienne assemblée législative juive), qu'il a aboli.
Théodose II (401- 450), empereur romain d’Orient eut un règne qui fut marqué notamment par des édits dirigés contre les juifs et les païens. En février dernier, quatre élèves de Galilée occidentale, alors en course d’orientation dans les champs le long du cours d’eau Zippori, sont tombés sur une pièce de monnaie en or massif figurant l’empereur chrétien. Alerté, leur professeur de géographie et d’histoire a immédiatement contacté l’Autorité des antiquités israéliennes (AAI). La pièce a été remise aux trésors de l’Etat. Bien que des « pièces de monnaies similaires [soient] connues dans la partie orientale de l’empire byzantin », selon un communiqué de presse publié le 16 avril par l’AAI, « c’est la première du genre découverte en Israël. »
L’avers du solidus – pesant environ 4,5 grammes – porte l’image de l’empereur Théodose II. Sur le revers est gravée la déesse ailée de la Victoire tenant un bâton qui se termine en forme de croix. Selon Gabriela Bijovsky, experte en numismatique à l’AAI, la pièce en or a été frappée à Constantinople (aujourd’hui Istanbul en Turquie), entre 420 et 423 ap. JC.
Ironie du sort, 1600 ans après avoir été frappée, la pièce a été retrouvée près d’un nouveau sentier – le « Sanhedrin Trail » – tracé en mémoire de ce « parlement-cour » que l’empereur Théodose II abolit en 429.
Le Sanhédrin (dérivé du mot grec « sunedrion », assemblée siégeante) était l’assemblée législative traditionnelle et la cour suprême des juifs. Son travail de codification a abouti à la rédaction de la Mishna.
Après la Grande Révolte et la destruction de Jérusalem par les Romains en l’an 70, le Sanhédrin qui devint le centre de la vie juive, a été transféré pour un temps à Yavné. Le Talmud de Babylone décrit les dix déplacements du Sanhédrin, notamment à Oucha, Shfaram, Beit Shéarim, Tsippori (Séphoris) et Tibériade.
Le « Sanhedrin Trail » est un chemin de randonnée interactif, long de 70 km environ, qui a été lancé par l’AAI pour marquer le 70ème anniversaire de la création d’Israël. Le sentier traverse la Basse Galilée d’ouest en est, de Beit Shéarim à Tibériade, en passant par plusieurs sites antiques associés au Sanhédrin aux époques romaine et byzantine.
« Il est symbolique que la pièce d’or découverte à proximité du sentier du Sanhédrin reflète la période des événements dramatiques au cours desquels le Sanhédrin a cessé de fonctionner en Galilée et le centre de la vie juive transféré de Galilée à Babylone », a fait remarquer Yair Amitzur, l’archéologue en chef du « Sanhedrin Trail » de l’AAI.
Soutenir un christianisme en expansion
En effet, comme il le rappelle, « l’empereur Théodose II a aboli le poste de « Nassi », chef du conseil du Sanhédrin, et a décrété que les contributions financières des juifs au Sanhédrin [devaient alors être] transférées au trésor de l’empire. » Gamaliel VI (400–425), fut le dernier chef du Sanhédrin. Déjà, un décret du 20 octobre 415 avait restreint son autorité, lui retirant ses privilèges et ses titres honoraires. A sa mort, l’empereur Théodose II n’autorisa pas la désignation d’un successeur, mettant ainsi fin au sanhédrin, afin d’encourager le christianisme en expansion (érigé en religion d’état par Théodose Ier à la fin du IVème siècle).
« Théodose II fut l’un des empereurs les plus influents de l’empire byzantin. Il élabora un code de lois impérial, appelé Codex Theodosius », explique l’AAI dans son communiqué. Le souverain byzantin est en effet connu pour avoir fait rédiger ce code en 438, qui contient toutes les règlements et décisions de l’empire depuis le règne de Constantin Ier, empereur romain de 306 à 337. Dans cette codification, les Juifs de l’époque, qui jouissaient d’une liberté relative depuis l’édit de Caracalla (212) par lequel ils étaient considérés à l’instar des autres peuples de l’empire comme des citoyens romains, virent leur statut légal rétrogradé. Des premières lois avaient été édictées dès 329 quand il devint interdit aux Juifs de dénoncer les conversions du judaïsme au christianisme. Dix ans plus tard, il fut interdit aux Juifs d’acquérir des esclaves non-juifs. Le codex Theodosius leur interdira par la suite d’avoir une charge officielle (civile ou militaire) à l’exception de la perception des impôts, de régler leurs différends devant leurs juridictions internes, et d’élever de nouvelles synagogues. Même si des fouilles ont démenti la bonne application de cette loi comme c’est le cas à Beth Alpha, Séphoris ou Hammath-Gader.